[Rock On Purpose] Standing Under Bright Lights: A Conversation with Alex Henry Foster
PUBLIÉ INITIALEMENT DANS Rock On Purpose
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De temps en temps, un projet est publié qui capture quelque chose de plus grand que la portée des chansons qu’il contient – qui capture un instantané de ce que signifie être humain. Standing Under Bright Lights est l’un de ces projets.
L’album est l’idée originale d’Alex Henry Foster, un artiste avec une décennie d’expérience à la tête du groupe de rock Your Favorite Enemies. Un voyage personnel dans sa propre âme lui a donné une nouvelle perspective sur ce que c’est d’être humain, et finalement ce que cela signifie d’être un musicien. Le résultat a été l’album Windows in the Sky, un album qui a grandi quand il l’a joué sur scène. Cette prestation live est devenue sa dernière sortie, Standing Under Bright Lights.
J’ai eu l’honneur d’avoir une conversation avec Alex sur le projet, la façon dont ces chansons sont devenues tissées à travers la tapisserie vivante de sa vie – et la vie de tant d’autres. Le résultat a été une plongée profonde dans ce que signifie être un musicien et ce que signifie être humain.
Donne-nous quelques informations sur Windows in the Sky, ces chansons, cet album, comment cela est venu de l’expérience avec ton père et ta famille. As-tu pu préparer le terrain pour ce qu’était cet album ?
J’étais à la tête d’un groupe de rock alternatif pendant 10 ans auparavant qui s’appelait Your Favorite Enemies. Nous avons tourné dans le monde entier, sorti des albums, nous avons reçu des prix et tout. À la fin de ce voyage, mon père est décédé. C’était une situation très étrange pour moi, parce que la façon dont je l’ai géré était simplement en faisant comme si de rien n’était. Je n’arrivais pas à ressentir grand chose.
Quatre jours après son décès, j’étais sur scène. Nous étions en tête d’affiche d’un festival à Taiwan devant 90 000 personnes. C’était si étrange et si inadéquat à tant de niveaux. Mais j’ai continué pendant quelques années comme ça, comme si de rien n’était vraiment, comme si je ne me remettais pas en question, ma vie, ma foi, tout.
À un moment donné, j’ai vraiment touché le fond et j’ai décidé de prendre du temps à part. Nous vivions ensemble en tant que groupe et nous vivions dans une communauté. Donc, prendre du temps pour moi était très étrange, mais c’était nécessaire.
Je suis parti pour Tanger en Afrique du Nord, et ce qui devait être quelques semaines s’est transformé en quelques mois. J’ai finalement passé 2 ans à Tanger, où lentement je me suis rétabli dans mon cœur et j’ai pu aborder des choses que j’avais mises de côté mais qui me suivaient. Je devais les adresser pour continuer à grandir en tant que personne. Non seulement pour être fonctionnel dans le contexte d’un groupe ou d’une communauté, car il est très facile de pouvoir simplement fonctionner dans un système lorsque vous n’y avez qu’un rôle. Mais lorsque vous êtes au centre de votre vie, vous devez faire face aux ombres qui vous suivent sans cesse.
C’est là que j’ai commencé à écrire. Je ne cherchais pas vraiment à écrire un album, je n’avais pas vraiment l’ambition de me lancer dans une carrière solo. J’étais vraiment brisé à l’intérieur. J’avais l’impression de n’avoir que deux chemins devant moi : soit continuer à nier ce que je ressentais pour continuer et être opérationnel, soit simplement me faire face. Dire “OK, le miroir est flou, mais je dois nettoyer ça pour me regarder et décider si c’est la personne que je veux être ? Être complètement déconnecté de mes sentiments ? Ne pas être épanoui, émotionnellement, spirituellement ?”
“Lorsque vous êtes au centre de votre vie, vous devez faire face aux ombres qui vous suivent sans cesse.”
Ce fut une détox émotionnelle pour moi, qui a conduit à la création de Windows in the Sky. C’était un heureux accident en quelque sorte, car à un moment donné, j’ai invité les membres de mon groupe à me rejoindre. J’avais un petit studio installé à Tanger à la fin de mon voyage. Je commençais à composer des bandes sonores pour des films indépendants. C’est ce que je voulais faire, plutôt que de reprendre le train du rock and roll. Mais lentement, j’ai eu l’impression que c’était très libérateur pour moi non seulement d’écrire sur mon expérience, mais de m’exprimer dans un environnement aussi libre plutôt que de penser au succès commercial, à la radio, à toutes ces choses. C’était vraiment un acte de libération et d’expression pure envers mon père, mais aussi envers ce que j’avais toujours nié pendant toutes ces années.
Je ne voulais même pas sortir le disque, car il n’y avait pas d’ambition derrière. Mais finalement je l’ai fait. Je n’ai fait aucune promotion, je ne voulais pas faire d’interview. Je voulais garder ça aussi sous le radar que possible, parce que je n’étais pas sûr de pouvoir faire face à des questions sur les chansons, sur mon parcours, d’autant que nous étions à un certain niveau.
Donc, je l’ai vraiment gardé sous le radar, comme un moyen sûr de dire “Eh bien, je l’ai fait !” Il n’est sorti qu’au Canada, je ne voulais pas aller sur tous les différents marchés. Je n’avais pas du tout l’intention de faire une tournée. Mais au Canada, il est devenu un des 3 meilleurs albums, et il est resté dans le top 20 pendant près de la moitié de l’année. Cela m’a fait flipper, parce que tout à coup, je n’étais pas le gars qui était dans un genre de niche comme j’étais autrefois. J’étais grand public.
J’ai dû prendre le temps de méditer là-dessus pour vraiment comprendre ce que signifiait ce disque pour les gens, pour faire la paix avec lui. Ce n’était plus le mien, et c’était parfait parce que c’était le tout début du véritable processus de guérison. Les retours des gens qui ont dit que le disque était vraiment important pour eux, c’est grâce à notre connexion que j’ai pu faire la paix avec tout ce cirque que je voulais éviter à tout prix.
C’était très axé sur les gens. J’ai donné quelques interviews à des médias que j’aimais et respectais vraiment, et ce n’était pas par envie d’être spécial ou d’agir comme une rock star. J’avais besoin d’un environnement sûr où je savais que je pouvais exprimer mon histoire sans avoir le stress de retrouver des extraits partiels ou des mots poussant les gens à juste cliquer.
Mais je ne voulais pas faire de concert. Avec l’autre groupe, nous étions toujours sur la route. J’ai donc continué à subir des pressions pour y retourner, mais ce n’était pas ce que je voulais. Cela a vraiment changé quand celui qui est en charge du Festival International de Jazz de Montréal est arrivé. C’est l’un des plus grands festivals au monde et très prestigieux. Ils n’arrêtaient pas de me demander : “Alex, nous te voulons vraiment. Ça va être un soir seulement. Tu n’as pas à t’inquiéter. Il n’y aura pas de média, rien du tout. Ce sera juste toi qui jouera. Peux-tu venir jouer l’album pour nous ?”
Cela a pris du temps, mais il a continué à demander. Et finalement j’ai dit OK, je pense que je vais essayer. Et c’est devenu Standing Under Bright Lights, ce disque. Mais c’était très étrange pour moi, car toute l’emphase était sur les chansons. Il n’était pas question de divertir ou de sauter du balcon du deuxième étage comme je le faisais dans l’autre groupe. Cela tournait autour des chansons et la signification de celles-ci. Je jouais plus d’instruments, nous étions dix sur scène, je dirigeais les musiciens. Il y a eu beaucoup d’improvisations. C’était donc un esprit différent, et j’avais besoin que cet esprit soit libre pour que je sache qu’il était honnête.
Le concert a eu lieu près de cinq ans jour pour jour après le décès de mon père, c’était donc aussi une façon pour moi de l’honorer. Mon père était un personnage spécial. Il a aidé beaucoup de gens. Il y avait donc beaucoup de gens qui sont venus pour ce spectacle. Nous avions aussi des gens venant du monde entier qui étaient fans de l’autre groupe parce qu’ils savaient que c’était peut-être le seul concert que je ferais pour cet album, et peut-être même le seul à vie.
C’était quelque chose de très rassembleur, très basée sur les relations humaines. Même si le concert était vraiment fou en termes d’environnement, de musiciens, de lumières, c’était très humble d’une certaine manière. Il ne s’agissait que de cette émotion fragile qui se vit et se partage. C’était très pur, d’une certaine manière.
Après cela, on me demandait sans cesse de reprendre la route. Je ne voulais toujours pas. Mais ce moment que j’ai partagé avec les gens était si important, de réaliser que les gens étaient venus du Japon, d’Australie, d’Europe, de partout aux États-Unis, juste pour vivre ce moment. J’étais tellement reconnaissant. Je me sentais comme, “Je suis juste un gars qui chante.” Mais j’ai réalisé que ce n’était pas à propos de moi, mais des chansons et de ce que cela signifiait pour eux. C’était très beau, et cela m’a vraiment offert un moyen de continuer à m’émanciper de cet esprit torturé.
Je ne voulais pas que les chansons perdent leur nature, qu’elles deviennent des formules. C’est pourquoi, même à ce jour, tout est question d’improvisation. C’est vraiment une incarnation libre de ces chansons.
Après cela, j’ai été invité à une grande conférence en Allemagne. Nous avons passé un moment formidable et j’ai pu réaliser qu’il y avait un moyen d’exprimer ces chansons sans perdre leur essence. Même les voir grandir, parce que je ne voulais pas perdre mon père tous les soirs jusqu’à ce qu’il soit soudainement parti pour toujours parce que je n’étais plus capable de ressentir la nature de ces chansons.
Je voyais des gens pleurer dans la foule, alors encore là, je gardais cette humilité en voyant cela. Je savais que ce n’était pas moi, c’était les chansons, ce lien. Cela créait quelque chose de vraiment unique chaque soir.
Après ça, j’ai dit OK, je ne ferai que des moments comme ça. Je suis prêt à ne pas vraiment faire de tournée, mais à aller dans des endroits spécifiques à Tokyo, et des endroits comme ça. J’ai eu une résidence de trois jours à New York. Encore une fois, cela semblait naturel, ce n’était pas du tout ambitieux. Les chansons ne cessaient de grandir, me montrant que j’avais tellement tort d’avoir peur qu’elles perdent leur essence.
C’est ce qui m’a fait continuer, au point que lorsque j’ai été invité à une nouvelle tournée, j’ai dit : “OK, ce sera le test final, pour voir si je peux faire ça soir après soir.” Ensuite, j’ai tourné de début février à mi-mars, juste avant la COVID. Et c’était la même émotion tous les soirs.
J’apprends encore, car j’étais dans un groupe très énergique. Et nous nous appuyions sur cette énergie de haut niveau. Et maintenant, il s’agit plus de faire confiance à mon instinct, de me laisser aller dans le moment, dans l’esprit. C’est donc une ambiance complètement différente.
Les gens n’arrêtaient pas de me demander si je voulais sortir ce tout premier concert, Standing Under Bright Lights. Parce que l’album Windows in the Sky durait une heure, mais la version live dure près de deux heures et demie. Je pense que c’est enfin le bon moment pour le sortir, surtout avec tout ce qui se passe dans le monde. C’était comme si c’était naturel et respectueux de faire ça, de partager plutôt que de vendre des choses. C’était vraiment une question de communauté, et de garder cela en mouvement.
C’est tellement puissant de voir que de partager ces chansons a finalement fait partie de ton propre processus à travers le deuil ! C’est un tel témoignage du pouvoir de la musique. Je me demandais juste, en t’entendant parler, s’il y avait des chansons spécifiques qui ont vraiment tendance à résonner chez les gens quand tu les joues en concert ?
Honnêtement, c’est très différent chaque soir. Cela dépend de l’humeur. Sur le disque, il y a deux autres chansons qui résonnent un peu plus parce qu’elles sont plus up tempo. Leur structure est un peu différente, et musicalement très puissante. Au niveau des émotions, de la fragilité du moment, je pense que “Shadows of our Evening Tides” est celle qui résonne vraiment. Quand je suis capable de vraiment lâcher prise dans la chanson plutôt que d’essayer de la jouer, alors je peux voir à quel point la chanson est importante pour les gens. Parce que le truc, c’est que pour moi, c’est une communion. Plutôt que d’inviter des gens à me voir jouer, c’est plus un échange. Nous créons un moment ensemble. Cette chanson est très significative.
Je ne joue pas toujours les mêmes chansons lorsque je suis en tournée, du moins la dernière tournée que j’ai faite. Il n’y a pas de setlist, donc j’appelle vraiment les chansons aux musiciens, et nous partons de ce qui me semble logique. C’est donc aussi quelque chose qui évite les répétitions et les formules. Je vais simplement appeler différentes sections, et ce sera comme libre pendant peut-être une demi-heure parfois.
Nous étions à Berlin et nous n’avons joué qu’une seule chanson pendant environ une heure, parce que c’était juste le moment. Tout le monde, nous avons pu le sentir, voulait que ce moment dure le plus longtemps possible.
Cela rend très humble, parce que parfois dans ma nature très insécure, après 20 minutes de la même chanson, je me dis, “c’est une erreur, c’est bizarre.” Mais tout le monde est vraiment dedans, et je ne veux pas projeter mes insécurités sur eux, de dire que c’est étrange.
C’est intéressant que tu aies également évoqué le côté musical des choses, car la musique sonne très cinématographique. Qu’est-ce qui dans ton histoire t’a amené à aller dans cette direction par rapport à la direction punk rock ? Je me demandais d’où cela venait, comment cela s’inscrit dans ton histoire ?
Je suis retourné à ce qui m’a amené à la musique en premier lieu. Ce qui m’a amené à la musique quand j’étais enfant, c’était Glenn Branca et la nouvelle vague, la musique expérimentale. Lorsque vous prenez chaque morceau, c’est du bruit, cela n’a pas de sens. Mais lorsque vous mettez tout ensemble, vous créez quelque chose de très, très spécial.
C’est ce qui m’a amené dans la musique. C’est pourquoi même si j’étais dans un groupe punk avant, je ne me suis jamais vraiment senti épanoui. J’ai toujours voulu toucher quelque chose d’invisible.
C’est mon arrière-plan musical avec Glenn et ces créateurs fous qui voulaient aussi toucher quelque chose. Ils ne savaient pas ce qu’ils voulaient toucher. Ils savaient qu’il y avait quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes, peu importe à quel point ils étaient spirituels ou non. C’était vraiment important d’y retourner, de ne pas trop réfléchir à toutes les parties, de s’assurer que ce serait réel et honnête.
Je ne suis pas un musicien de formation. Je pense que c’était à mon avantage, d’une certaine manière, parce que je n’étais pas vraiment préoccupé par des questions du genre : “OK, si j’ajoute une trompette avec des pédales de distorsion, est-ce que cela a du sens ?” Cela n’a pas à avoir de sens.
C’est ainsi que j’ai construit les chansons de manière très naturelle. Lorsque nous avons enregistré Windows in the Sky, la majeure partie de l’album a été enregistrée en direct et de façon très naturelle. C’était la même chose pour le concert, mais plus encore.
Ce que je fais, ce sont les contraires. Vous pouvez avoir beaucoup de distorsions et de saturations, et toutes sortes d’éléments. Soudain, vous ajoutez du violoncelle et de la trompette. Cela donne une ambiance complètement différente. Et encore une fois, il fallait toujours rester organique, et se libérer de toute sorte d’ambition.
C’est très difficile pour moi de décrire cela ! Même avec ce concert, nous avons eu une pré-production. Mais les musiciens qui m’accompagnaient, ce sont des musiciens formés. Alors ils se demandaient : “Oh, avez-vous toutes les partitions ?” Et je répondais : “Non, je vais juste clarifier cela, je n’en ai pas. Et tout ce que vous allez apprendre aujourd’hui, demain vous n’allez probablement pas jouer de la même manière, les mêmes sections dans le même ordre. Vous devez donc vraiment lâcher prise.”
C’était amusant pour eux aussi, je pense, car ils ont dû oublier ce qu’ils avaient appris sur l’expression des émotions à travers la musique. Et la plupart des musiciens avec lesquels je suis en tournée, ce sont des amis de cet ancien groupe. Je les aime à en mourir, et ce sont mes meilleurs amis. Mais je leur ai dit aussi “vous devez tout désapprendre.” Et nous avons changé d’instrument – certains d’entre eux ne jouent même pas les mêmes instruments qu’ils jouaient dans l’autre groupe.
Je n’étais plus capable de me cacher dans le contexte d’un groupe, alors je devais vraiment prendre ma place, pour dire “C’est comme ça que je le vois. Tout le monde est le bienvenu pour partager, mais c’est vraiment la direction dans laquelle je vais. J’appelle différentes sections et nous nous appuyions sur des signes pendant le concert. Vous devez donc être prêt pour cela, car il n’ya pas de filet de sécurité.”
C’est ce que je veux. Je me suis senti piégé pendant trop longtemps.
Que ressens-tu maintenant lorsque tu joues les chansons ? As-tu l’impression d’avoir une perspective différente de celle que tu avais la première fois que tu les as jouées ? Je suis curieuse de savoir où tu as atterri après avoir suivi ce processus de partage pour que d’autres personnes puissent y participer.
Ma plus grande préoccupation au début, quand j’ai commencé tout ça, était de perdre le contrôle de mes émotions. Ma plus grande peur était “si je pleure et que je ne peux pas m’arrêter, je ne veux pas que cela devienne une sorte de spectacle de pitié où j’invite les gens à des funérailles soir après soir.” Je devais être capable de me regarder et de dire : “OK, si cela arrive, ce n’est pas la fin du monde. C’est ok. Tu dois être honnête avec toi-même. Es-tu prêt à faire cela ?”
C’était mon plus grand défi au début : Comment puis-je interagir avec les gens, parler de ces problèmes, sans avoir l’air de dire “bien, voici quelque chose de négatif.” Parce que c’est un sujet très intense.
J’ai réalisé que la façon dont je voulais partager cela était de célébrer la vie. Ouais, je réfléchis au deuil et à ce que signifie faire face à “j’ai perdu mon père”. Et il était un grand héros pour tant de gens. Et j’avais aussi une relation très complexe avec lui, car il ne comprenait pas toujours ce que je faisais. Ces vagues revenaient à chaque fois. Mais maintenant, je pense qu’il s’agit vraiment de célébrer la vie, d’incarner ce que signifie être en vie.
Certaines personnes répondaient, simplement désespérées. Je veux être conscient de cela, ne pas être trop égocentrique, mais en même temps dire “eh bien, j’existe aussi dans le processus.” C’est pourquoi je suis capable de communier tous les soirs.
Ce que j’ai appris entre ce moment et là où je suis maintenant, c’est parfois que cela n’a pas à être spécial. Cela doit être vrai. Je parle avec les gens, et ils disent “c’est tellement vrai.” Je dis bien, il faut que ce soit honnête plutôt que vrai.
Pendant longtemps, j’ai pensé que j’avais raison. J’ai réalisé qu’en étant dans cette position, je ne me permettais pas de grandir. J’utilisais des absolus pour me cacher. Et maintenant, il s’agit d’être honnête. Cela implique que vous pouvez évoluer, que vous êtes ouvert aux points de vue et aux sentiments des autres, que vous êtes capable de réfléchir à cela et de faire le pont entre vous et eux. Dans un monde où tout est si fracturé, c’est peut-être ce que les gens apprécient dans la manière dont j’aborde ces sujets. Ils se sont sentis non seulement invités, mais bienvenus.
Il y a une grande différence. Vous pouvez inviter les gens pour les convaincre de votre propre point de vue. Mais quand vous les accueillez aussi, vous les accueillez tels qu’ils sont.
“Dans un monde où tout est si fracturé, c’est peut-être ce que les gens apprécient dans la manière dont j’aborde ces sujets.”
Pour vous donner un exemple, j’étais à Hambourg, en Allemagne, et il y a un père et son fils qui sont venus au stand de merch. Ils m’ont attendu, et quand ils sont venus, le père s’est mis à pleurer. Il venait de perdre son propre père, n’avait jamais eu l’occasion de parler avec lui et de se réconcilier.
C’était un moment où à l’intérieur je paniquais. Je me suis dit : “Oh, je ne suis pas sur scène. Je ne peux pas prétendre que je ne l’ai pas vu. Nous sommes ici.” Et puis j’ai juste réalisé, “hé, lâche prise. C’est exactement ça qu’il faut que ça crée.” Nous nous sommes juste serrés dans les bras et nous nous sommes dit, c’est exactement ce que c’est que de vivre et de lâcher prise.
Il y a eu tellement de moments comme celui-là où je paniquais parce que j’avais l’impression que je devais dire quelque chose ou faire quelque chose de spécial. Mais ensuite, j’ai réalisé que ce n’était pas à propos de moi. C’est une invitation à partager des émotions très profondes avec des inconnus. Puis soudainement après cela, une fois que tu as pleuré avec quelqu’un, il est très difficile de rester des étrangers.
C’est complètement nouveau pour moi, car je me cachais dans tout le bruit et toute la musique. Je ne voulais pas être exposé. Soudain, je suis au milieu de tout – mais je ne suis pas seul au milieu, parce que je le partage.
Quand je célèbre la vie au lieu d’avoir à vivre un deuil tous les soirs, cela permet aux autres de lâcher prise, et moi aussi.
J’adore l’idée d’un projet qui n’essaie pas de s’intégrer dans les boîtes normales, mais qui essaie plutôt de creuser profondément dans l’expérience humaine. J’ai l’impression que c’est le genre d’art qui devient vraiment transcendant et intemporel. Même les paroles mises à part, les mots mis à part, l’instrumental – quand il peut capturer un sentiment que les gens ont ressenti mais ne leur a jamais fait écho, c’est un moment si puissant en tant qu’être humain.
Même si cela a été difficile pour tant de gens récemment, j’espère vraiment que cela nous permettra de retourner à la fondation, de connecter non seulement avec les autres, mais de réaliser que “hé, peut-être que j’ignorais ces émotions.”
Pour la plupart de mes amis en Asie, en Europe, au Canada, c’est le confinement, le couvre-feu, ils n’ont pas le droit de se rendre visite. Cela a été très, très difficile. Je sais que beaucoup de mes amis étaient aux prises avec cela, et certains d’entre eux se sont suicidés. C’était très troublant pour moi. C’est pourquoi nous sommes si impliqués dans les droits de l’homme et la santé mentale, parce que c’est réel. Et nous ne pouvons pas toujours, surtout en tant que croyants, dire “tout le monde devrait être heureux”.
Nous devons simplement reconnaître que cette équation n’est pas si simple. C’est plus complexe. C’est toujours un peu effrayant d’examiner ces sentiments. Parce que lorsque vous ne comprenez pas les choses, la nature humaine a tendance à les enfermer d’une manière qui ne vous met plus mal à l’aise. Lorsque vous avez des absolus, tout s’aligne pour que tout soit en place, et ce n’est plus effrayant. Mais la réalité est tellement plus complexe.
Au début, c’était contradictoire, car je ne voulais pas l’examiner. Mais c’est la même chose pour les émotions humaines. Nous devons nous pencher sur la question, nous devons avoir confiance que même si cela fait peur, vous pouvez trouver quelque chose et marcher avec quelqu’un. Vous n’avez pas besoin de comprendre tout le temps. Cela n’a pas à avoir de sens. Ce qui est très important, c’est d’être disposé à marcher avec quelqu’un, dans la mesure du possible.
“Cela n’a pas à avoir de sens. Ce qui est très important, c’est d’être disposé à marcher avec quelqu’un, dans la mesure du possible.”
C’est pourquoi j’ai voulu sortir ce disque, pour inviter les gens à se sentir les bienvenus, à exprimer leurs sentiments, à célébrer la vie, même si vous êtes aux prises avec la dépression et le stress. Même si vous êtes toujours en deuil, car il y a tellement de raisons de pleurer. Il ne s’agit pas seulement de perdre quelqu’un que vous aimez. Il peut s’agir de rêves, de promesses, du futur, de choses qui vous étaient très chères et que vous perdez soudainement.
À travers ce que les gens partageaient avec moi, c’était comme si cela avait tellement de sens de sortir ça. Avec la pandémie, nous faisions beaucoup de diffusions en direct. Il était important de faire vivre cet esprit de communauté, pour que les gens aient l’impression de pouvoir s’exprimer. Sortir Standing Under Bright Lights va dans le même sens.
Y a-t-il une dernière chose que tu aimerais que les gens sachent ?
Pour moi, c’est un projet devant lequel je suis tellement humble. Au-delà de tout cela, même si les gens ne sont même pas intéressés par ma musique, je suis juste heureux que nous puissions partager quelque chose de plus positif qui peut être le carburant pour embrasser la vie.
Même si c’est un peu cliché, vous n’avez pas à souffrir pour comprendre ce que pourrait être la souffrance. Mais vous devez vivre pour comprendre ce qu’est la vie, car la vie crée la vie. C’est pourquoi j’encourage toujours mes amis et les personnes qui m’écrivent à donner une chance à cette chose plus positive. C’est pourquoi l’enregistrement s’appelle Standing Under Bright Lights, car à un moment donné, vous devez accueillir cette lumière. Vous devez dire OK, je vais lui donner une chance. Je continuerai à le faire jusqu’à ce que je sois dans ce courant et que je ne fasse qu’un avec cette lumière.
“[…] l’enregistrement s’appelle Standing Under Bright Lights, car à un moment donné, vous devez accueillir cette lumière. Vous devez dire OK, je vais lui donner une chance.”
Vous pouvez trouver Standing Under Bright Lights sur Spotify et Apple Music. Vous pouvez aussi commander l’album physique sur alexhenryfoster.com.
MARY NIKKEL
6 mai 2021