[Daily Rock] Alex Henry Foster – Kimiyo (Hopeful Tragedy Records)
PUBLIÉ INITIALEMENT DANS Daily Rock
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Alex Henry Foster (Your Favorite Ennemies), originaire de Montréal, nous présente son nouvel album, Kimiyo, à paraître le 26 avril prochain. Le producteur et compositeur, désormais en solo, s’associe à l’artiste Momoka Tobari. En japonais, elle interprète les paroles de ce dernier dans une narration essentiellement neutre, parfois chantée.
Les pistes sont instrumentales et méditatives et comprennent neuf titres immersifs qui évoluent dans leur théâtralité. La complexité de l’œuvre est liée au nombre d’instruments qui y sont présents et aux juxtapositions moins fréquentes de ces derniers. Nous percevons un processus exploratoire et fluide, à la façon d’une toile abstraite. La particularité de l’album relève de la maitrise du mouvement et de sa transition, rendant son caractère transcendant. En employant une petite quantité d’instrument à la fois, soit en faisant un ajout ou un retrait, la mélodie se déploie dans une perspective différente. La structure est régulière par sa rythmique rassurante, avant d’évoluer vers des directions nouvelles, mais prudentes.
Par exemple, dans le premier morceau Of Dream and Dust, nous percevons d’abord le son d’une sirène, qui au milieu d’un paysage urbain, nous fait ressentir une tension liée à l’incertitude. Une discussion indistincte, au loin, suggère des journaux télévisés qui accentue le côté dramatique de la cinématographie. Le rythme est lent dans une sonorité post-punk où le suspense prévaut dans son ensemble. Le synthétiseur donne le ton, auquel la mélodie est guidée par le violon, pour ensuite être remplacé par le piano qui reprend la priorité en toute limpidité.
En somme, Kimiyo est un album qui nous séduit par ses paysages, sans connaître la destination. Tobari nous touche par sa narration et par son chant plus prononcé à certains moments, alors que Foster nous bouleverse par sa résilience et sa créativité. Nous avons l’impression d’un voyage psychédélique qui nous laisse nul autre choix que nous abandonner à l’oeuvre et accepter sa finalité dans ses variations et sa durée.
SARAH RUDGE
11 avril 2024