Damo Suzuki
J’étais en route pour le studio quand Jeff a reçu un texto d’un ami à lui qui était près de Damo, lui annonçant qu’il était décédé la nuit précédente. Bien que nous savions qu’il souffrait de plusieurs maladies, nous ne savions pas qu’il était si près de la fin. Que quelques semaines plus tôt, nous parlions de prendre un temps d’improvisation avec lui lorsque nous serions en résidence à Cologne durant l’été à venir. C’était dévastateur, d’autant plus qu’il était si enthousiaste et engagé de sa nouvelle aventure musicale. Un homme de foi, il était un individu singulier posant le même regard sur la mort que la façon dont il vécut sa vie : une aventure faite de sauts à l’aveuglette et un abandon total au moment dans lequel il se trouvait. En ce sens, il nous légua bien plus que son approche créative unique. Il nous a appris que l’éternité est un flot défini par notre volonté à être en constante évolution. Peu importe la dégradation du corps, l’esprit navigue aussi loin que nous sommes disposés à voyager sur ses flots… Du moins, c’est comme ça que je le vois. C’est de cette façon que je vis ma vie maintenant, synchronisant mon horloge intérieure et redéfinissant le rythme de l’environnement duquel je fais partie. Peu importe à quel point il peut être effrayant de se sentir débalancé parfois, il n’y a pas de status quo qui tienne lorsque tu es déterminé à vivre ta vie comme si tu marchais sur une corde raide sans filet pour te rattraper en cas de chute ; tu dois apprendre à voler… C’est une métaphore spirituelle, je décourage fortement toute tentative physique de s’envoler… je dis ça comme ça !