[My Head is a Jukebox] Alex Henry Foster & The Long Shadows + Sef Lemelin, Zèbre de Belleville et Supersonic, 3 et 4 août 2022.
PUBLIÉ INITIALEMENT DANS My Head Is a Jukebox
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En deux soirées, dans deux salles différentes, Alex Henry Foster et son groupe The Long Shadows, ont livré deux performances, deux véritables marathons, dépassant à chaque fois les deux heures, atteignant, en compagnie du public, des sommets d’émotions. Un voyage en terra incognita musicale, un grand plongeon dans l’inconnu, post tout, post rock, post punk, post psychédélique et post progressif, réservant entres autres surprises un titre en français (ce qui ne manquera pas de rappeler un « vague souvenir » à quelques-uns) et aussi une reprise de leur ancien groupe, Your Favorite Enemies. Sur scène Alex aime à prendre son temps et dorénavant, chaque pièce dure entre 20 et 30 minutes, un temps mis à profit par les musiciens pour explorer les moindres recoins, échapper aux formules convenues, élaborer de nouvelles structures, expérimenter de nouveaux arrangements, imaginer de nouvelles versions d’anciennes chansons. Le groupe est porté par la dynamique complémentaire entre les deux guitaristes Ben et Sef Lemelin. Si l’un, Ben, a un jeu plutôt classique, où les cordes sont tantôt arpégées, tantôt brossées, l’autre, Sef, se révèle plus expérimental, son rack de pédales d’effets est énorme, tâte également du synthé, et aime visiblement la recherche sonore. La complémentarité entre les deux guitares crée d’intéressantes interactions. A la basse, Jeff Beaulieu fait souvent office de détonateur, allumant la mèche du rock, faisant d’un coup monter la pression, avant la grande attaque du son saturé des guitares, c’est bien évidemment le cas sur « The Hunter » mais également « The Son of Hannah », c’est également un excellent bassiste, expansif, jamais avare de gesticulations avec son instrument. Derrière ses claviers, Miss Isabel est l’élément surprise du groupe et dégaine des instruments assez rares dans le domaine du rock, trompette, flûte ou clarinette font ainsi partie de la panoplie de la musicienne pour créer des structures et autres arrangements assez étonnants. Enfin, Charles Allicie est totalement au service des chansons, pas de solo vain en trois heures de concert, pas une note qui ne soit pas dans l’intérêt des compositions, le tout dans une subtile alliance de puissance et de feeling. Charles joue également du xylophone et est, dans ce cas, relayé à la batterie par Ben Lemelin, le changement de batteur, au sein du même morceau, apporte souvent un changement de dynamique, un petit coup de fouet relançant à chaque fois la machine. Et enfin, au chant, Alex Henry Foster (qui joue également de la guitare ténor et des claviers), une personnalité attachante dont l’humanité et la bienveillance habite les chansons pour qui ne pas finir un concert en nage après une telle débauche d’énergie n’est tout simplement pas concevable. Naturellement, dans ces conditions, le groupe ne peut pas voyager léger et trimballe dans son sillage une quantité impressionnante d’instruments. Sous le regard éberlué de l’équipe du Supersonic Records (le disquaire installé à la porte voisine du club, actuellement en travaux) le groupe a réussi a faire tenir deux batteries, un xylophone, la basse et le rack de claviers sur la (trop) petite scène (habituellement réservé aux showcases solo ou acoustiques) de la boutique ; Alex et les deux guitaristes étant installés au pied de cette dernière. Je vous jure, de vrais as du rangement ces Québecois ! Un petit mot enfin pour saluer le guitariste Sef Lemelin qui, les deux soirs, a assuré la première partie du concert avec son projet solo mélangeant guitare expérimentale et synthés dans des boucles électro progressives et hypnotiques.https://alexhenryfoster.com
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REGIS GAUDIN
11 Août 2022
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