[Qetic] Le chanteur de Your Favorite Enemies, Alex Henry Foster, sort son premier album solo au Japon.
PUBLIÉ INITIALEMENT DANS Qetic Magazine
Article original disponible seulement au Japon
Formé en 2006 à Montréal, Canada, le groupe Your Favorite Enemies a connu une popularité grandissante au Japon, a tourné avec Simple Plan en 2008 et a même participé à la bande sonore du jeu vidéo “Dissidia Final Fantasy”. Allant du indie rock au hard rock, leur son est basé sur différents éléments, est émotionnel et expérimental à la fois, mais l’élément le plus important – encore à ce jour – reste qui ils sont. Le chanteur du groupe, Alex Henry Foster, vient de sortir son premier album solo, “Windows in the Sky”. L’album parcourt les émotions qu’il ne parvenait pas à exprimer avant, ses insécurités et ses combats à travers une poésie récitée délivrée par une voix époustouflante sur une bande sonore dramatique du groupe. Son album a généré beaucoup de réactions et a atteint les tops des palmarès de vente numérique au Canada, parmi Muse, Imagine Dragons, Lady Gaga et Queen. Dans le message vidéo qui suit, il parle de cet album et aussi du Japon, qui l’a beaucoup inspiré, autant professionnellement que personnellement !
Le Japon est la maison de mon coeur
Tu as déjà visité le Japon plusieurs fois, pas vrai ?
Avant, j’allais au Japon plusieurs fois par an, mais ces dernières années, ça a été juste une seule fois par an. À chaque fois que je viens par contre, ça me fait penser à ce que j’ai fait jusqu’à maintenant, ça me fait réfléchir sur mes actions en quelque sorte. Je ressens comme une sorte d’effet purgatif dans qui je suis.
Est-ce que tu dirais que le Japon est comme ta deuxième maison alors ?
Le Japon est la maison de mon coeur. C’est un endroit où je me sens en paix. Alors ça me donne naturellement la possibilité de me concentrer sur ce que je devrais faire.
D’où ça t’est venu ?
C’est surtout à cause des gens. Ma première visite au Japon a eu lieu parce que mes fans japonais m’ont invité à venir. Habituellement, quand ils pensent au Japon, les gens pensent à des néons brillants et la culture. Mais dans mon cas, c’est la chaleur des gens. J’ai été ému d’être accueilli comme si je faisais partie de la famille même si nous nous rencontrions pour la première fois. Malgré la distance entre le Canada et le Japon, c’était la première fois que je vivais un sentiment de familiarité aussi fort.
Comment les fans japonais t’ont-ils contacté ?
À l’époque, il y avait une communauté en ligne qui s’appelait Myspace, où j’ai bien sûr partagé ma musique. Mais j’ai aussi écrit des blogs personnels, dont certains parlaient de désespoir et des aspects sombres de ma vie. Les Japonais qui les lisaient ont beaucoup réagi face à ces blogs.
La musique me faisait sentir que je n’étais pas seul
Alors pour toi, la musique proviendrait de ce désespoir et de ce genre d’émotions négatives ?
Eh bien, oui. Je créais des sons et des mélodies qui exprimait ce que je ressentais intérieurement mais que je ne pouvais pas sortir dans la vie de tous les jours. La musique fut une façon de m’exprimer alors je n’ai jamais pensé que je gagnerais ma vie avec ça.
Qu’est-ce qui t’inspire quand tu crées de la musique ?
Quand j’étais enfant, je déménageais toujours d’un endroit à un autre à cause de la situation modeste de ma famille, alors c’était difficile de se faire des amis. Le seul salut pour moi était à travers la musique et les livres. Là-dedans, j’ai trouvé tellement d’émotions que je ne parvenais pas à mettre en mot autrement. Ça m’a aussi appris que je n’étais pas le seul.
Et tu as formé le groupe Your Favorite Enemies en 2006. Comment tout ça a commencé ?
À l’époque, j’étudiais le travail social à l’université mais je travaillais en même temps pour soutenir les immigrants qui ne parlaient pas beaucoup anglais. Sef est venu là comme assistant. Il jouait déjà de la guitare, mais il m’a dit qu’il n’avait jamais vraiment joué avec personne avant, alors nous avons décidé de jouer ensemble. Nous avons invité le frère cadet de Sef, Ben, comme bassiste et nous avons formé le groupe. Les deux aimaient beaucoup le métal alors que moi j’aimais plus des groupes comme Sonic Youth, ou d’autres groupes plus indépendants. Nos intérêts étaient très différents mais notre passion pour la musique était la même. Et nous nous respections alors le mur entre nous est vite tombé et je savais que notre relation était de celle qui allait durer très longtemps. Et en effet, notre relation est devenue encore plus profonde et nous sommes maintenant comme une famille.
Your Favorite Enemies “The Early Days – Evolving in Reversal Frames (Anthology 2006-2009)”
En tant que groupe, vous avez fait beaucoup de hits et vous avez de plus en plus de fans partout dans le monde. Mais tu as commencé un projet solo en 2018.
Après avoir formé le groupe, nous étions honoré de recevoir tellement d’offres de tournées et autres concerts. Nous étions très occupés mais à un certain moment, j’ai commencé à me demander “Qu’est-ce qui est vraiment important pour moi ?” Et j’ai réalisé que j’avais peur en quelque sorte de penser à ça [avant de commencer mon projet solo]. Et ensuite, mon père est décédé, ajoutant au fait que j’étais déjà épuisé émotionnellement et physiquement. J’ai décidé de prendre un temps à part sans le groupe et je suis parti au Maroc seul. Beaucoup de musiciens et de poètes que j’aime sont allés au Maroc et elle (la ville de Tanger) a servi de tremplin pour eux d’aller de l’avant, alors j’ai pensé que, peut-être, je pourrais y gagner quelque chose. La langue et la culture étaient différentes de tout ce que j’avais connu avant, mais il y avait tellement de stimulation chaque jour que le plan de rester pendant quelques semaines est devenu 1 mois, 6 mois et éventuellement 1 an. La musique est devenue ma façon d’exprimer ce qui grandissait en moi. Et je suis devenu curieux de la chimie qui pourrait naître si je composais avec les membres du groupe, alors je les ai invités et nous avons commencé à enregistrer, et l’album est né naturellement.
Le premier album solo accompli en surmontant la “douleur”.
Et tu as fait ton premier album solo, “Windows in the Sky”, qui est devenu n°1 dans les palmarès de ventes numériques et qui est resté dans le top des palmarès avec Muse, Imagine Dragons et Queen pendant un bon moment.
J’ai créé et sorti cet album parce que j’avais besoin de le faire sans penser à faire un album à succès. Et même s’il devait bien se vendre, je pensais que ça serait grâce aux fans de Your Favorite Enemies. Alors je n’ai fait aucune promotion mais j’ai commencé à recevoir plein de messages sur les médias sociaux. Et j’ai appris que beaucoup de gens pouvaient maintenant voir ce que eux-mêmes avaient vécu à travers la musique. Je suis content d’avoir sorti cet album.
Ton album a une telle profondeur.
Mon père est décédé sans me faire sentir que nous étions liés par le sang. J’ai le sentiment que je n’ai reçu aucune réponse. Et cet album décrit le processus de comment j’ai fait la paix avec ça. De plus, c’est comme un rappel pour moi que je dois accepter mes émotions comme elles sont, même quand elles sont négatives.
Comme c’est un projet solo, y a-t-il eu des différences dans la façon de le créer ?
J’ai exprimé des émotions sombres même avec le groupe, mais c’est juste que je ne pensais pas qu’il était juste de transmettre de telles émotions personnelles. C’est pour ça que je l’ai sorti en album solo, même si nous sommes les mêmes personnes qui jouons ensemble, alors il n’y avait pas tellement de différence dans la façon de créer.
Après un grand enthousiasme au Canada, “Windows in the Sky” sort finalement au Japon. Comment veux-tu que les auditeurs japonais le reçoivent ?
Quand j’écoute la musique que j’aime, je ne veux pas vraiment connaître les explications de l’artiste. Par exemple, j’aime beaucoup l’album “Pornography” de The Cure et beaucoup de gens disent que c’est un album sombre. Mais pour moi, c’est un album rempli de lumière. Comment on comprend quelque chose dépend de chacun, mais si c’est expliqué, nous en limitons les possibilités. Alors je veux que les gens écoutent cet album librement.
“Summertime Departures” music video from the album track
“Summertime Departures/Sometimes I Dream” live video
Les relations avec les fans japonais ont conduit à “l’espoir »
Quel genre de musique recherches-tu maintenant ?
Je veux juste faire de la musique qui est honnête. Si elle est honnête, au-delà de comment les gens l’écoutent, je crois que ça les mènera à quelque chose qui est vrai. Je n’ai aucune ambition d’être une rock star ou quoique ce soit d’autre.
Quel sera l’équilibre entre ton projet solo et le groupe ?
Le groupe et moi ne faisons qu’un. Ils sont définitivement impliqués même quand il s’agit de mes projets solo. Il n’y a personne qui me connaît – dans les bons comme les mauvais côtés – et qui me soutient comme eux le font. La boîte est peut-être différente mais le contenu est le même.
Et qu’en est-il de l’équilibre avec ton travail social ?
Les deux sont essentiels pour moi. Ils sont connectés et ne peuvent être séparés. Je prends action pour dire aux gens dans le monde qu’ils ne sont pas seuls de tant de façons différentes. Mais la musique est la meilleure façon de l’exprimer. Alors je veux maintenir une connexion avec le monde à travers la musique.
Peux-tu nous partager ton impression sur le Japon ?
Je vais peut-être pleurer, ce n’est pas grave ? En fait, j’ai vécu l’expérience la plus émouvante que j’ai jamais vécue au Japon. Comme je l’ai dit au début, je parle depuis longtemps avec des auditeurs japonais sur les réseaux sociaux, et à un moment donné, il y avait une personne dont je n’avais plus aucune nouvelle. Ça arrive parfois sur les médias sociaux alors je n’ai rien fait. Mais un jour, j’ai reçu un message de sa mère me disant qu’il s’était suicidé. Et elle m’a dit qu’elle voulait me rencontrer lors de ma prochaine venue au Japon. Alors j’ai rencontré sa mère, sa famille et ses amis. Ils m’ont demandé « Quel est le pouvoir de la musique ?” « Mon fils semble avoir été encouragé par tes messages mais le choix qu’il a fait fut de quitter ce monde. Et je voulais savoir ce qu’il y avait dans ta musique. » Ça m’a vraiment fait réfléchir sur l’impact que je pouvais avoir avec ma musique. La prochaine fois que nous avons fait un concert au Japon, nous les avons invités sur scène. Nous avons expliqué au public pourquoi ils étaient sur scène. Et ensuite, les gens qui étaient présents les ont accueillis chaleureusement. J’ai pensé que c’était la réponse. J’ai ressenti le pouvoir que la musique a. J’ai compris que les gens avaient traversé beaucoup de choses – comme des tremblements de terre et des tsunamis – mais tout le monde était là, debout. Ce moment a complètement changé ma façon de voir la musique. Ça m’a appris comment c’est important de continuer à faire de la musique honnête et sincère pour moi. Si je n’avais pas vécu cette expérience, je crois que mon album solo ne serait pas sorti. Je peux dire que c’est la racine qui a fait de moi qui je suis aujourd’hui.
« The Hunter (By the Seaside Window) » short movie
Alex Henry Foster exclusive video comment
Bonjour à vous tous au Japon !
Je m’appelle Alex Henry Foster.
Je suis actuellement dans mon studio à Montréal, au Canada.
Je suis très heureux de vous annoncer que je viens de sortir mon album Windows in the Sky au Japon, qui est la première sortie internationale de celui-ci.
C’est un album très spécial pour moi.
Il est très intime. J’y parle de deuil et de désespoir, mais aussi de trouver l’espoir dans des temps de crise, tout comme cette période que nous traversons tous en ce moment.
C’est très spécial pour moi de partager ça avec vous.
Vous pouvez déjà regarder certaines vidéos, comme Shadows of Our Evening Tides, qui a été filmée au Japon, ainsi que Summertime Departures et The Hunter, que je viens tout juste de sortir.
Je suis impatient d’être avec vous tous, que ce soit pour un concert ou d’autres découvertes.
Merci encore à Qetic et à très bientôt !