ÉDITION N°4
Le Matin suivant…
À la lumière des dernières semaines, avec tout ce qu’il se passe autour du mouvement Black Lives Matter, j’ai reçu plusieurs questions de votre part, et je voulais vraiment non seulement vous répondre, mais aussi le partager à tous…
Que veux-tu dire par “Silence Is Murder” (Le silence est un meurtre) ? – Sharon, Newcastle, Royaume-Uni
Comment gères-tu les doutes ? Lorsque tu t’engages dans un combat, comment être sûr que ton combat est juste, qu’il t’emmène dans la bonne direction ? Donatien Varlez, France
Si l’apathie tue, le silence est un meurtre. Il y a une distinction majeure pour moi. Autant que certains pourraient essayer de militariser les droits de l’homme, j’ai toujours cru que c’est notre peur du rejet ou du jugement que nous avons besoin de maintenir au silence quand c’est le temps de parler… Les dernières cinq années ont été à propos de crier. Certains pourraient discuter de la nécessité ou des résultats de tout cela… Je me fiche un peu de tout ça. Pour moi, il s’agit toujours de continuer le dialogue. Pas de convaincre les autres, mais de partager, de communier, de croire aux changements et aux transformations.
Jusque-là, c'est ma façon de dire : « Parlons, apprenons à nous connaître »... Nous sommes tellement plus semblables que nous aimerions le croire.
J’ai toujours eu vraiment peur des pensées généralisées et de l’idée imposée que les gens sont soit bons soit mauvais. Je suis naïf… et ça va… Mais je veux croire et je décide de croire à la rédemption, quel que soit le crime, quel que soit l’uniforme, quelles que soient les idées. Le silence peut durer longtemps, mais les cris aussi. Je souhaite seulement que nous accordions également du temps pour se rassembler, parler et écouter, pleurer et être réconfortés. Peut-être que ce n’est pas le moment maintenant, mais j’espère qu’il y aura un temps… Jusque-là, c’est ma façon de dire : « Parlons, apprenons à nous connaître »… Nous sommes tellement plus semblables que nous aimerions le croire. C’est peut-être la peur que nous avons des autres… nous nous connaissons…
Ça commence le tout premier matin après la « cause », peu importe ce qu’elle peut être, quand elle a perdu sa popularité.
Parfois je me dis : « Est-ce qu’il y a une solution ? Est-ce qu’on en recherche vraiment une ? Est-ce que c’est trop tard ? » Une solution « permanente » implique tellement plus que ce que nous aimerions croire, d’une certaine façon. Ça commence le tout premier matin après la « cause », peu importe ce qu’elle peut être, quand elle a perdu sa popularité, quand le cirque déménage dans la prochaine ville. C’est là que le véritable engagement commence. Ensuite, sans le pouvoir collectif d’un mouvement, ce qui reste est notre ouverture à la compassion personnelle, la foi dans le pardon de l’autre et l’espoir, quel que soit le temps nécessaire pour voir la solution prendre place.
Pour moi, la solution commence avec l’honnêteté au-delà de ce qui est tendance. À quel point je le veux ? À quel point je suis prêt à y consacrer ma vie ?
Je combats beaucoup en tant que personne. La complaisance est la vertu de l’ironie, autant que le fatalisme est le manteau par lequel nous couvrons si facilement notre propre égoïsme. Nous aimons tous les parades, mais personne ne se soucie de ceux qui nettoient après. Pour moi, la solution commence avec l’honnêteté au-delà de ce qui est tendance. À quel point je le veux ? À quel point je suis prêt à y consacrer ma vie ? À poursuivre ça avec la même résilience et l’urgence à l’idée de ne pas avoir assez de temps nécessaire ? Nous devons tous trouver notre propre façon et notre mesure d’engagement… Je croyais au concept de « causes »… Maintenant, je mets ma foi dans le pouvoir de la transformation en prenant le temps de communier avec une autre personne. Ça transforme tous ceux qui sont impliqués… C’est ma façon personnelle de le faire. Je n’ai jamais été un bon activiste de toute façon, j’étais un peu trop « intense »…
Je vous aime,
AHF