AHF & The Noise Orchestra

Nous avons eu un repas collectif rapide, les samedis étant la journée des fameux hamburgers spéciaux de Momoka pour la bande. J’ai rapidement mangé mon plat asiatique végétarien et je suis retourné au studio avec Ben. Sachant que je passerais la plupart de la journée de lundi et mardi à l’hôpital, je voulais continuer de m’immerger dans notre flot créatif pendant que j’avais encore de l’énergie avant de m’effondrer pour la nuit. Le reste du groupe nous a rejoints peu de temps après. Nous avons regardé un extrait de l’excellent documentaire « Energy » sur Damo Suzuki, produit par la réalisatrice acclamée Michelle Heighway, un investissement de vie de 7 ans pour tous ceux impliqués dans ce qui est un témoignage public plus que jamais nécessaire sur un individu et artiste vital. Momoka a expliqué à quel point Damo fut si instrumental sur la scène avant-gardiste de la culture japonaise, non seulement en ce qui concerne la musique en particulier, mais aussi envers la société de la manière la plus grandiose qui soit. “L’art véritable se dévoile dans les plus petits détails de notre existence, c’est pourquoi des artistes tels que Damo Suzuki sont si importants dans une nation hautement structurée comme celle que nous perpétuons depuis des siècles au Japon », expliqua-t-elle, ce qui rend son impact encore plus palpable pour nous. « Pour certains, ce ne sont que des cris et du bruit, tandis que pour ceux prêts à écouter l’invisible, c’est une symphonie unique de la vie qui évolue à travers nous tous », ajouta-t-elle.
Ça m’a rappelé qu’avant que je décide d’appeler le groupe “The Long Shadows”, dans le but de rendre hommage à la signification même de ses différents constituants dans l’ensemble de ce qui n’est pas tant une entreprise « solo », je nous ai presque nommés “AHF & The Noise Orchestra”, mais je me suis dit que ce serait une autre façon pour moi de me cacher au sein d’une appellation collective rassurante. Ça a toujours été plus facile pour moi d’assumer ce que je faisais dans un contexte où je n’ai pas à faire en sorte que mon nom le représente, et il était grand temps pour moi de m’assumer. Alors c’était plutôt une décision thérapeutique qu’une décision égocentrique. Ceci étant dit, la vision que j’avais pour mon véhicule créatif n’a jamais changée et ce qui s’en rapproche le plus fut ce qui a finalement donné naissance à l’album « Standing Under Bright Lights » ; un ensemble d’artistes composé de multi-instrumentistes impatients de déconstruire et de ré-imaginer tout ce que chacun contribuerait au mélange, et d’assembler quoi qu’il en soit après qu’il ait été transformé en un mouvement entièrement modifié d’un organisme vivant, grandissant et se métamorphosant uniquement selon ses propres termes. C’est la vision que j’en ai. Pensez au grand orchestre de Vegas d’Elvis, à un quatuor à cordes classique, à quelques choristes de Motown dans le contexte de Sonic Youth rencontrant Swans rencontrant Leonard Cohen rencontrant Fugazi rencontrant Radiohead rencontrant Ryuichi Sakamoto rencontrant Godspeed You! comme type de groupe – si cela vous semble logique ! Ce mélange est incroyablement attrayant pour moi, mais vous comprenez pourquoi les autres membres du groupe peuvent être un peu confus maintenant 😉

Nous avons fini par écouter beaucoup plus de chansons, parmi lesquelles quelques découvertes étaient totalement « ça », s’ajoutant à l’état de plus en plus primordial de mon enthousiasme déjà élevé envers l’album qui se dévoile lentement devant nos yeux émerveillés, de manière extraordinaire… C’est fabuleusement exaltant !!!