La haine prend tout… L'amour donne tout
Le seul moyen d’affronter un monde sans liberté est de devenir si absolument libre qu’on fasse de sa propre existence un acte de révolte.
– Albert Camus
– Albert Camus
Alors que nous sortions du studio pour une pause café, Jeff nous a dit qu’une terrible tragédie venait de se produire à Moscou. Nous étions complètement dévastés d’apprendre cela, et encore plus horrifiés lorsque Ben a mis l’actualité de la BBC en marche pour nous faire entendre le rapport, une fois de retour dans le studio. Nous n’étions pas préparés à voir ce genre de déploiement insupportable de pur mal et de violence sur le grand écran du studio. Cette situation nous a rappelé la tragédie déchirante qui s’est produite à Paris le 13 novembre 2015, lorsque la nature méchante des cœurs les plus sombres a décidé unilatéralement de déchirer des morceaux lumineux de vies et de brillance colorée, pour le bien de leur type de contritions dogmatiques auto-justifiées. Beaucoup de mes amis personnels ont perdu la vie ce soir-là au Bataclan… encore plus d’amis ont été blessés et tous ont vu leur vie à jamais bouleversée.
Je me souviendrai toujours de l’endroit où nous étions lorsque cette obscurité innommable est descendue sur cette salle de concert. J’étais avec Ben, Jeff et Sef, alors que nous faisions une dernière répétition avant de partir pour Tokyo où nous avions prévus de jouer une interprétation complète de notre album « Between Illness And Migration » en quatuor; un moment qui deviendrait finalement « Tokyo Sessions ». Nous avons tout arrêté lorsque nous avons commencé à recevoir des messages de nos amis et des membres de notre communauté et avons transformé notre page Facebook en un canal d’actualités en direct où les gens pouvaient informer les autres de leur situation et demander du soutien pour localiser des proches dont ils n’avaient pas encore de nouvelles. Nous sommes restés éveillés toute la nuit. Je ne me suis jamais senti aussi impuissant. Nous nous demandions si nous devions annuler notre voyage au Japon – car nous devions partir moins de 48 heures plus tard – pour continuer à soutenir tous ceux qui avaient besoin de bras ouverts, car nous étions tous profondément affectés par une telle monstruosité. Nous avons presque pris la direction de Paris le lendemain matin, mais comme nous l’avons fait lorsque nous avons vécu le tsunami japonais en temps réel avec nos frères et sœurs nippons, nous avons demandé l’avis de nos membres de la communauté avant de réagir d’une manière qui se serait finalement révélée inutile. Tout le monde voulait que nous jouions notre concert comme un acte de résistance ultime et de défiance envers ceux qui se liguent pour nous usurper notre liberté d’être différents par nature, dogmatiquement affranchis, et pour honorer la vie face à la mort. Nous sommes partis pour Tokyo, confus, le cœur brisé et frustrés de ne pas pouvoir exprimer une douleur insondable.
Je me souviendrai toujours de l’endroit où nous étions lorsque cette obscurité innommable est descendue sur cette salle de concert. J’étais avec Ben, Jeff et Sef, alors que nous faisions une dernière répétition avant de partir pour Tokyo où nous avions prévus de jouer une interprétation complète de notre album « Between Illness And Migration » en quatuor; un moment qui deviendrait finalement « Tokyo Sessions ». Nous avons tout arrêté lorsque nous avons commencé à recevoir des messages de nos amis et des membres de notre communauté et avons transformé notre page Facebook en un canal d’actualités en direct où les gens pouvaient informer les autres de leur situation et demander du soutien pour localiser des proches dont ils n’avaient pas encore de nouvelles. Nous sommes restés éveillés toute la nuit. Je ne me suis jamais senti aussi impuissant. Nous nous demandions si nous devions annuler notre voyage au Japon – car nous devions partir moins de 48 heures plus tard – pour continuer à soutenir tous ceux qui avaient besoin de bras ouverts, car nous étions tous profondément affectés par une telle monstruosité. Nous avons presque pris la direction de Paris le lendemain matin, mais comme nous l’avons fait lorsque nous avons vécu le tsunami japonais en temps réel avec nos frères et sœurs nippons, nous avons demandé l’avis de nos membres de la communauté avant de réagir d’une manière qui se serait finalement révélée inutile. Tout le monde voulait que nous jouions notre concert comme un acte de résistance ultime et de défiance envers ceux qui se liguent pour nous usurper notre liberté d’être différents par nature, dogmatiquement affranchis, et pour honorer la vie face à la mort. Nous sommes partis pour Tokyo, confus, le cœur brisé et frustrés de ne pas pouvoir exprimer une douleur insondable.
Il est assez incroyable pour moi de réaliser que même si cet acte horrible et odieux de lâcheté barbare et haineuse s’est produit il y a presque 10 ans, je suis toujours troublé par tout cela comme si c’était hier. Si je n’étais pas là physiquement, une partie de mon innocence compatissante est également morte ce soir-là, lors de cette soirée parisienne fraîche et claire. Une preuve que la haine prend toujours quelque chose de vous, que vous soyez l’objet direct de cette violence incompréhensible ou non, car aucune raison ne pourrait soutenir un tel acte. Rien… aucun abus passés, aucune profanité présente ou où que ce soit dans le monde où cela pourrait se produire. Peu importe la religion, la politique, la culture, le contexte social et historique impliqué… rien. Je ne pense pas que j’aurais trouvé assez de force en moi pour pardonner si ce n’était pas de nos amis Laura et Nils qui ont survécu à l’attaque du Bataclan. Je sais maintenant que ce n’est pas la nature impactante des slogans que vous collectivisez d’un week-end à l’autre qui change les choses, aussi justes et justifiés soient-ils, mais c’est la mesure de l’amour véritable avec lequel vous êtes prêt à défier la haine qui change tout… en commençant par vous-même. Et c’est pourquoi cela reste la position la plus engagée que vous puissiez adopter. Les slogans sont un antidote que nous voulons que les autres prennent à notre place lorsque le vrai poison grandit en nous tous. L’amour est le seul remède et c’est la « pilule » la plus difficile à avaler… Du moins, pour moi c’est le cas.
J’ai passé des années en tant que porte-parole d’Amnistie Internationale, pointant du doigt les autres pour toutes les bonnes raisons et celles qui frôlent le doute. C’était instinctif. Je voulais que mon monde soit façonné par le changement des autres, que ma vision soit incarnée par une radicalisation transformative institutionnelle. Bien ou mal, j’étais de toutes les manifestations, de tous les « combats » sociaux. Parlez-moi de quelque chose, n’importe quoi que je croirais nécessiter que des doigts soient pointés et j’avais probablement un slogan prêt et un t-shirt approprié pour aller avec, jusqu’à ce que quelqu’un me pose la question : « Et toi ? » « Moi ? Je suis un combattant pour la justice, c’est génial. » « Es-tu vraiment quelqu’un qui change le monde ? Je ne vois qu’un militant qui a une cause, mais pas d’amour, pas de compassion, pas d’introspection. Tu es un activiste. Tu ne veux pas changer le monde, tu veux seulement trouver un but pour le tien. Regarde en toi, c’est là que le monde commence à changer. » AÏE…
Ma réponse a été : « Qui tu crois être ? Tu ne me connais pas. Comment oses-tu insinuer que je n’aime pas ? Et toi, qui es-tu ?!? » « Je suis ta conscience Alex et j’utilise les 15 secondes de clarté que tu pourrais avoir parmi toutes tes auto-justifications pour te contacter. » AÏE AÏE AÏE… Je n’ai plus jamais crié suite à ça. J’étreins, je murmure et je me demande comment je peux continuer à évoluer en tant que personne pour être un ami, un frère, un fils, un voisin et un étranger avec les bras ouverts. C’est ce que je suis maintenant. Ce n’est pas ce que je fais. Je partage des moments avec les autres, je fais partie de la vie des autres et j’invite les autres à faire de même avec moi. Je ne suis pas spécial. Je suis Alex, l’individu imparfait qui apprend encore à dépasser sa propre mesure d’égoïsme et d’égocentrisme. Certains jours sont formidables tandis que d’autres sont une catastrophe totale. Il n’est pas naturel pour moi d’aimer, de faire confiance, de lâcher prise ou d’être à l’aise avec les autres. J’ai grandi en tant qu’enfant violé dans un contexte de pauvreté, de violence et d’alcoolisme, dans des quartiers où les gens n’ont pas le luxe de lancer de la soupe sur des tableaux dans les musées les plus huppés, car c’est la seule chose qu’ils peuvent avoir à manger ce jour-là. Ce n’est jamais bien ou mal. Ce n’est jamais d’une manière ou d’une autre. La vie, tout comme nous, est complexe et remplie de trop de paradoxes et de tons pour la réduire à quelques mots sur un bout de papier. J’aimerais que ce soit le cas, mais ce n’est pas le cas.
Ne vous méprenez pas, je ne dis pas que nous devons laisser les salauds s’en tirer avec un meurtre, ni n’implique que les gens qui crient dans les rues n’ont pas d’amour et ne sont pas purs de cœur. J’ai des amis chers qui consacrent leurs vies aux autres et qui manifesteront tout en partageant leur repas avec quelqu’un qui n’en a pas. Ce sont mes types de changeurs de monde. Il y a tellement de besoins mais si peu d’artisans bienveillants… et il y a tellement de causes. Nous sommes même harcelés pour ne pas choisir les plus à la mode parfois. Vous devriez voir certains des messages que je reçois : « Tu n’as rien dit, donc cela signifie que tu es comme eux. » Si je disais quelque chose : « Tu aurais dû être beaucoup plus intense, tu as joué la note sécuritaire. » Et ainsi de suite et ainsi de suite. Je réponds toujours, non pas pour me justifier mais pour être un ami, pour comprendre la colère et la violence, des deux côtés, car pour moi, une personne tuée est une de trop. Une personne qui ne mange pas ou qui n’a pas accès à l’eau potable, à une éducation adéquate ou aux droits de l’homme est une personne de trop. Je ne vois plus le monde dans des catégories générales. C’est pratique pour certains lobbyistes, mais je ne suis pas un lobbyiste. Je suis quelqu’un qui veut être un ami, un frère, un fils, un voisin ou un étranger avec les bras ouverts.
Ma réponse a été : « Qui tu crois être ? Tu ne me connais pas. Comment oses-tu insinuer que je n’aime pas ? Et toi, qui es-tu ?!? » « Je suis ta conscience Alex et j’utilise les 15 secondes de clarté que tu pourrais avoir parmi toutes tes auto-justifications pour te contacter. » AÏE AÏE AÏE… Je n’ai plus jamais crié suite à ça. J’étreins, je murmure et je me demande comment je peux continuer à évoluer en tant que personne pour être un ami, un frère, un fils, un voisin et un étranger avec les bras ouverts. C’est ce que je suis maintenant. Ce n’est pas ce que je fais. Je partage des moments avec les autres, je fais partie de la vie des autres et j’invite les autres à faire de même avec moi. Je ne suis pas spécial. Je suis Alex, l’individu imparfait qui apprend encore à dépasser sa propre mesure d’égoïsme et d’égocentrisme. Certains jours sont formidables tandis que d’autres sont une catastrophe totale. Il n’est pas naturel pour moi d’aimer, de faire confiance, de lâcher prise ou d’être à l’aise avec les autres. J’ai grandi en tant qu’enfant violé dans un contexte de pauvreté, de violence et d’alcoolisme, dans des quartiers où les gens n’ont pas le luxe de lancer de la soupe sur des tableaux dans les musées les plus huppés, car c’est la seule chose qu’ils peuvent avoir à manger ce jour-là. Ce n’est jamais bien ou mal. Ce n’est jamais d’une manière ou d’une autre. La vie, tout comme nous, est complexe et remplie de trop de paradoxes et de tons pour la réduire à quelques mots sur un bout de papier. J’aimerais que ce soit le cas, mais ce n’est pas le cas.
Ne vous méprenez pas, je ne dis pas que nous devons laisser les salauds s’en tirer avec un meurtre, ni n’implique que les gens qui crient dans les rues n’ont pas d’amour et ne sont pas purs de cœur. J’ai des amis chers qui consacrent leurs vies aux autres et qui manifesteront tout en partageant leur repas avec quelqu’un qui n’en a pas. Ce sont mes types de changeurs de monde. Il y a tellement de besoins mais si peu d’artisans bienveillants… et il y a tellement de causes. Nous sommes même harcelés pour ne pas choisir les plus à la mode parfois. Vous devriez voir certains des messages que je reçois : « Tu n’as rien dit, donc cela signifie que tu es comme eux. » Si je disais quelque chose : « Tu aurais dû être beaucoup plus intense, tu as joué la note sécuritaire. » Et ainsi de suite et ainsi de suite. Je réponds toujours, non pas pour me justifier mais pour être un ami, pour comprendre la colère et la violence, des deux côtés, car pour moi, une personne tuée est une de trop. Une personne qui ne mange pas ou qui n’a pas accès à l’eau potable, à une éducation adéquate ou aux droits de l’homme est une personne de trop. Je ne vois plus le monde dans des catégories générales. C’est pratique pour certains lobbyistes, mais je ne suis pas un lobbyiste. Je suis quelqu’un qui veut être un ami, un frère, un fils, un voisin ou un étranger avec les bras ouverts.
Cela peut sembler être un jugement. Peut-être que c’est le cas. Peut-être que j’ai tort, et pour être honnête, je souhaite l’être. Ce serait tellement plus facile d’aborder les problèmes complexes, d’éviter les émotions confuses et de continuer à vivre ma vie sans avoir à aimer ou à traiter avec ceux avec qui je ne suis pas d’accord. Mais comme je le partage dans tous mes journaux de studio, je ne peux exposer ma perspective qu’en fonction de la mesure d’authenticité que j’ai le courage de vous montrer lorsque je vous écris un jour donné. Et en témoignant de cette démonstration implacable de haine qui se déroule à Moscou, je ne peux m’empêcher de ressentir de la colère, de la violence et de la frustration, rien qu’en pensant à ceux que j’ai perdus au Bataclan, et à des amis qui doivent vivre sous une pression sociale constante pour être trop ou pas assez… Comment réagirais-je si c’était vous qui tombiez sous les balles « bien-pensantes » de quelqu’un d’autre parce que vous vouliez communier avec d’autres lors d’un de mes concerts ? La terreur est le mot parfait, car rien que l’idée seule me terrifie. Mais je dois admettre en écrivant ce texte que ce qui est plus terrifiant pour moi que les balles serait de perdre foi en la bienveillance, en le bon sens, en un geste gentil, ou de tourner le dos à l’amour. Je ne veux pas tenir un fusil de « justice » entre mes mains, ni dans mon esprit… ni dans mon cœur.
Oui, l’amour est le remède et cela commence en moi. Aujourd’hui, c’est en effet une pilule insupportable pour moi à avaler, mais je le ferai parce que je veux être comme tant de personnes merveilleuses qui font ce choix chaque jour, peu importe la tragédie à laquelle elles pourraient être confrontées. Qu’est-ce qui est mien encore ? Ne pas aimer une partie de guitare dont personne ne se soucie vraiment ? Oui, cela commence en nous-mêmes et la catastrophe de chacun, terrible ou non, est un rappel de cet amour, chaque jour à la fois.
Mon cœur va à ceux qui aiment. Merci de nous montrer le chemin, de nous rappeler qu’il n’a pas de cause spécifique, aucune caractéristique spécifique. Nous le pouvons tous, mais le voulons-nous tous… Moi ?!?
Merci à tous de m’aimer, j’en ai plus que jamais besoin pour aimer les autres en retour.
Oui, l’amour est le remède et cela commence en moi. Aujourd’hui, c’est en effet une pilule insupportable pour moi à avaler, mais je le ferai parce que je veux être comme tant de personnes merveilleuses qui font ce choix chaque jour, peu importe la tragédie à laquelle elles pourraient être confrontées. Qu’est-ce qui est mien encore ? Ne pas aimer une partie de guitare dont personne ne se soucie vraiment ? Oui, cela commence en nous-mêmes et la catastrophe de chacun, terrible ou non, est un rappel de cet amour, chaque jour à la fois.
Mon cœur va à ceux qui aiment. Merci de nous montrer le chemin, de nous rappeler qu’il n’a pas de cause spécifique, aucune caractéristique spécifique. Nous le pouvons tous, mais le voulons-nous tous… Moi ?!?
Merci à tous de m’aimer, j’en ai plus que jamais besoin pour aimer les autres en retour.