LE PARADOXE DE TROUVER LA VIE À TRAVERS LA MORT D’UN ÊTRE CHER

PUBLIÉ INITIALEMENT DANS Jesus Freak Hideout

Lisez l’article original ici

J’ai toujours eu besoin de temps pour méditer sur la nature de ce que je veux communier et partager avec les gens à chaque fois que j’ai le privilège d’être invité à m’exposer comme je l’ai généreusement été par le blog Jesus Freak Hideout, qui m’a récemment donné carte blanche. C’est d’autant plus spécial pour moi, car après plus de 10 ans à faire partie de ce monde du divertissement si singulier et en constante évolution, c’est la toute première fois que je m’exprime sur un site web axé sur la foi chrétienne. En tant que croyant, ça peut sembler étrange, considérant le fait que j’ai eu l’honneur d’être interviewé et publié dans les principaux médias LGBT, des journaux arabes, des magazines tels que Billboard, Rolling Stone, et une myriade d’autres plateformes artistiques et sociales partout dans le monde.

Pour être honnête, je n’ai jamais été trop préoccupé par les médias avec lesquels je suis invité à partager, ni par les marques qui soutiennent ou parrainent certains d’entre eux. Je ne suis pas non plus dérangé par l’agenda politique auquel les groupes pourraient être associés ou non. Ma vision, peut-être naïve, a toujours été de regarder au-delà des étiquettes et des uniformes. Au-delà de toutes les différences créées habituellement pour maintenir une séparation évidente entre les groupes, il y a une personne, que j’ai appris à regarder sans une présomption qui serait issue de mes propres valeurs, incompréhensions et préjugés… Même quand c’est difficile de voir à travers ces différences.

En fait, c’est cette tentative continue de tendre la main à d’autres qui m’a conduit dans toutes sortes d’endroits merveilleux et qui m’a offert la bénédiction de rencontrer des personnes incroyables, dont j’ai probablement appris plus que je ne voudrais admettre ou ne peux même comprendre. Les paradoxes sont des reflets étranges de notre vision du monde. Nous pouvons en apprendre beaucoup sur nous-mêmes à partir de ceux-ci, et c’est peut-être pourquoi je préfère voir le monde sous sa lumière brillante que par mes perceptions ténébreuses… Ou du moins, c’est peut-être pourquoi je suis fasciné par la nature humaine et pourquoi je suis tellement inspiré par ce qui a fait de nous ce que nous sommes – ou comme nous aimons le penser ou le croire.

Et c’est dans cette perspective que j’ai écrit mon album “Windows in the Sky”; afin de faire mon deuil, de comprendre la foi vivante et honorer la vie de mon défunt père, un homme complexe qui était une personne très singulière et unique. Un ancien alcoolique, dépressif et inaccessible qui a complètement changé sa vie la seconde où il est devenu chrétien, un de plus emporté trop vite par le cancer, mais qui était extrêmement heureux de retrouver enfin son véritable amour au Paradis. Je n’ai jamais été très présent dans sa vie, mais j’étais à son chevet au moment de son décès; un homme brisé, mais un croyant paisible. Pour être honnête, cela m’a troublé et pour plusieurs raisons. L’évolution de ma propre foi, la réflexion de ce moment sur ma propre mortalité, autant que la façon dont ma seule existence a soudainement été mise dans un contexte différent… Ce n’est pas sa mort qui m’a le plus blessé, mais mon incapacité à ressentir quoi que ce soit ensuite, un vide émotionnel en quelque sorte, parfaitement exposé lorsque j’ai été à la tête de mon groupe à jouer dans un festival de musique devant 90 000 personnes à Taiwan moins de 5 jours après le décès de mon père. Les 3 prochaines années me verraient dans ce même état, au mieux misérable, et dans le déni total des raisons derrière ça.

J’ai retrouvé mon chemin dans la lumière quand j’ai finalement décidé de lâcher prise. Je vivais alors dans la ville éblouissante de Tanger, où j’avais trouvé refuge seul, et où je suis finalement resté 2 ans. N’est-ce pas ironique de dire que j’ai pu pleurer mon père chrétien dans un pays musulman ? Je vous l’ai dit, les paradoxes sont un moyen de voir à travers votre propre noirceur. J’ai beaucoup écrit à Tanger, médité sur la vie… La mienne, celle de mon père, celle des gens que je connais, autant que celle des gens rencontrés le temps d’un instant… Après 10 ans à crier dans un micro, j’ai pu écouter, admirer le plus simple de tous les détails… De la contemplation silencieuse de mon nouveau voyage personnel aux bruits cathartiques de la vie partout dans les rues de ce qui ressemble à un style de vie ancien selon les touristes. Il y a de la gentillesse dans le désespoir, autant que de la liberté dans l’infidélité. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que ma confiance dans ce qui était « absolu » était en fait un besoin de sécurité, et ce n’est que lorsque j’ai commencé à me libérer de tous ces clichés religieux dans lesquels je m’étais enfermé que j’ai commencé à pouvoir ressentir à nouveau, émanciper mon cœur et mon esprit, voir ce qui avait toujours été invisible pour moi…

J’ai quitté Tanger avec moins de réponses que je ne pensais être habilité à donner aux autres sur leur vie, mais ça faisait du bien. Je suis rentré chez moi et j’ai terminé ce qui allait devenir mon album « Windows in the Sky » en écrivant une chanson intitulée « The Hunter (By the Seaside Window) », qui aborde cette lutte intérieure que nous avons tous, à différentes étapes de notre vie, incarnée de différentes manières. L’essence d’être le chasseur ou la proie, lorsque nous sommes les deux à la fois, essayant de comprendre quoi faire de notre existence et les émotions qui l’accompagnent. C’est une chanson qui reflète autant nos doutes intimes que le confort que nous trouvons en Lui, les turbulences d’insécurité, les mouvements inquiétants qui conduisent à l’établissement de la religion et du culte de soi plutôt que l’admission honnête de notre fragilité et de notre besoin d’être consolé, dépossédé de cette invitation à être vrai. Quoi que cela signifie pour nous-mêmes ou pour les autres, nous sommes désorientés, notre identité est perdue et des illusions se créent, si proches du modèle dont elles sont copiées, mais tout de même des faux-semblants… jusqu’à ce que nous lâchions prise. Il n’y a pas de défaite dans l’abandon, pas de fatalisme à se mettre à genoux, pas de condamnation à se confesser. Ce sont quelques-unes des nuances que je voulais illustrer dans la chanson. L’auto-préservation avec laquelle nous nourrissons notre soi-disant sécurité, en traitant de nos propres contradictions et de leur nature conflictuelle, illustre également qu’en reniant notre humanité, nous nions la divinité de Dieu et donc Son identité, que ce soit dans nos combats ou les dévotions de notre vie quotidienne.

J’ai souvent vu “l’acceptation” comme un total abandon de soi. C’est, je suppose, le véritable défi que nous avons tous, surtout de nos jours; d’admettre notre peur dans la tempête, notre faiblesse en temps inconnu. Nous vivons dans une société qui fait l’éloge des performances et des résultats, et confesser notre véritable état de cœur et d’esprit est considéré comme un manque de foi ou de caractère. Cela peut être encore plus vrai dans le contexte de l’Église, où les “performances” sont les tentations ultimes, d’élever des enfants en merveilleux adultes à cultiver un mariage épanouissant, jusqu’à être un employé et un employeur exemplaires. Personne ne veut être la proie, mais nous prenons rarement soin du chasseur qui vit en nous. Et cela pourrait aussi expliquer pourquoi il a fallu si longtemps à certains “érudits” pour voir la détresse mentale pour ce qu’elle est; un besoin de support, pas un reflet de la spiritualité ou non d’une personne. Il est normal d’avouer à quel point nous sommes à bout de souffle. Pouvons-nous avoir foi et avoir peur ? Pouvons-nous croire en Dieu et admettre que nous avons peur de ce que sera demain ? Eh bien, la lecture de la Bible me dit que non seulement il est normal d’être fatigué, mais que cela s’accompagne de la fabuleuse promesse d’être accueilli et libéré… C’est incroyable, non ? Mais comment avons-nous tendance à rendre une telle bénédiction si compliquée à mesure que nous devenons plus expiatoires avec notre culture religieuse et devenons quelque peu blasés avec le plus simple de tous les miracles – celui que nous pouvons voir tous les jours dans le miroir ? Est-ce dû à une fatigue après avoir vu tant de miracles et ne plus les reconnaître ?

Je suppose, en rétrospective, voyant mon père allongé sur son lit de mort, tout à fait joyeux quelle que soit la petite fraction de force qu’il avait pour combattre l’ennemi implacable qu’est le cancer, que cela a été l’image avec le plus grand impact que mon cœur ait pu imprimer. Même s’il n’était pas en mesure d’articuler un mot à ce stade, je savais ce que ses yeux bleus clairs et passionnés voulaient me dire : “Lâche prise, Alex… Lâche prise. Il est temps de rentrer à la maison et d’être guéri maintenant”. Il m’a fallu 5 ans après pour pouvoir dire : “Je t’aime papa. Merci pour tout. Je suis à la maison maintenant.”

Encore une fois, je tiens à remercier Jesus Freak Hideout pour sa généreuse invitation me donnant carte blanche. J’espère, même s’il y aurait tellement plus à partager et à communier avec vous, que mon témoignage personnel a été non seulement un encouragement pour ceux qui en avaient besoin, mais aussi une consolation pour quiconque à la recherche d’une opportunité de lâcher prise. Nous devons tous le faire à un moment donné de notre vie et pour tant de raisons différentes, quelles que soient les structures relationnelles actuelles dans lesquelles nous sommes tous entremêlés et dans lesquelles nous nous perdons si souvent, distanciation sociale ou non.

En souhaitant avoir une autre occasion de discuter avec vous tous.

Restez en sécurité et en paix,
Un ami,
– Alex

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