Le temps que j’ai dû passer à méditer, à contempler, à lutter et à faire rage pour cette chanson seulement est probablement trop intense pour se souvenir ne serait-ce qu’une infime partie de tout cela. Je me réveillais au milieu de la nuit pour écrire quelques idées, me levais avant le lever du soleil pour sentir les nouvelles lumières, écrivais toute la nuit pour éviter toute analyse exagérée, j’allais dans un café ou restais dans ma petite chambre, j’allais dans un lieu public, et ainsi de suite. J’ai probablement écrit une version de cette chanson dans tous les endroits possibles et inimaginables à Tanger.
J’étais obsédé par “l’authenticité”, la mesure de conscience qu’il faut pour être honnête, la nature de la rédemption, le sens d’être libre, la contrition, la confession, la différence entre l’espoir et la vérité…
Mais je pense que le point de rupture pour moi vient de la reconnaissance que j’ai effectivement maintenu cette tempête en vie. La réalité est le fait que je n’ai jamais voulu prendre ne serait-ce qu’une seconde pour arrêter et décider ouvertement d’échanger des frissons et tout éblouissement affectif possible contre la misère. Cela étant admis, je savais que non seulement l’hiver n’était jamais vraiment venu, mais le seul fait que je m’exposais si honnêtement m’offrirait la possibilité de déterminer si je voulais assister à la première lueur du printemps à l’avenir.