Édition N°34
Nouvelle Année : Peine, Douleur, Lumière et Renaissance…

Chers frères, sœurs, amis et proches,

J’espère que vous avez passé des fêtes de fin d’année inspirantes, paisibles et reposantes, et que vous avez eu l’heureuse opportunité de partager des moments épanouissants avec les êtres qui vous sont chers. Ces instants, aussi brefs, simples et rapides puissent-ils être, ont toujours su nous guider à travers les périodes les plus sombres de nos vies, qu’importe à quel point nous puissions être découragés ou attristés à certains moments. Il est d’autant plus important de chérir l’essence incandescente de ces petits éclats de lumières scintillants sur notre route lorsqu’ils viennent, tout comme à leur départ. C’est plutôt déconcertant de discerner le vrai du faux reflet de la réalité, tout particulièrement lorsque ce qui semble “valoir la peine” de chérir devient plutôt confondu avec le fait de se sentir bien ou mal… ce qui est plutôt décevant, à bien y penser. Et à chaque occasion que nous avons d’appuyer sur la touche “pause”, pour des célébrations ou autres, nous faisons face à cette complexité étrange quant à la notion de ce qui est supposé être le bonheur dans un contexte global et ce que nous savons instinctivement être une sérénité personnelle. La pression toujours croissante visant à projeter sur le monde une certaine forme de personnalité imaginée, améliorée et heureuse, auto-fabriquée, est le produit ultime de cette constante… et sa plus grande tragédie, je suppose.

J’ai réalisé durant l’année, et d’autant plus comme je n’avais plus la capacité de parler, de lire, d’écrire ou de bouger aisément suite à plusieurs mois à tenter de guérir de mon opération cardiaque presque fatale, que la solitude n’est pas un statut social, ni une conjoncture circonstancielle, mais une question de coeur – une disposition émotionnelle d’une certaine façon – une que nous tentons d’ignorer lorsque le flot de notre aventure devient d’une certaine manière incompréhensible, décevant ou insondable. Une fois de plus, le bonheur devient rapidement une forme étrange de commodité gênante qui semble être un petit peu plus inaccessible au passage de chaque jour pénible, de chaque nuit tourmentée et sans sommeil… Mais encore, et c’est là le piège j’imagine, vient une nouvelle aube, aussi fidèle que la lumière du matin, nous rappelant à tous des nouvelles possibilités en avant, des nouvelles promesses dans l’attente d’être dévoilées, des nouvelles opportunités transformatrices l’accompagnant. Une nouvelle image définissant à nouveau la vie, une nouvelle résurgence existentielle. Ce serait d’une certaine manière une réalité cruellement sadique si ce n’était pas vrai, d’autant plus qu’il est déjà si difficile de vivre libre du cynisme de l’apathie croissante et de l’indifférence d’aujourd’hui, tout particulièrement lorsque le sarcasme semble être une sorte de remède réconfortant, après l’application continuelle d’un nombre incalculable de pansements émotionnels afin de masquer la douleur d’une blessure que nous avons appris à accepter, alors que nous tentons de couvrir une vie de désillusions toujours croissantes et de bris implacables de rêves. Mais pourtant, la même lumière fragile que nous avons appris à mépriser et maudit si souvent pour son refus obstiné de disparaître avec la nuit qui suit, continue de briller… chaque jour. 

Et la petite lumière devient ainsi une sorte de marqueur de temps; un autre jour, un autre mois, une autre année… La vie continue et nous souhaitons que ce soit de même pour nous. Mais bouger ne signifie pas évoluer, tout autant que la solitude n’a rien à voir avec l’isolement.

Il fut un temps où je la détestais de tout mon être, jusqu’à ce que je devienne reconnaissant de sa présence étincelante. C’était réconfortant en quelque sorte de la voir chaque matin, sans prendre compte de la douleur qu’elle ramenait également avec elle. L’émancipation de notre entité auto-projetée n’est pas aussi facile que nous aimerions le croire. En fait, ce ne l’est pas pour moi, principalement puisque j’avais défini cette illusion publique du “soi” comme un prétexte d’auto-défense face au monde dans lequel je vivais et aux individus qui m’entouraient… alors que le véritable “ennemi” de la plénitude du coeur et de l’âme a toujours vécu en moi… la solitude. Et la résultante de tout ce qui l’a mené à un tel niveau d’auto-dégradation… que ce soit la peur du rejet ou d’être inconséquent, les doutes de ne pas être assez pour être aimé, la perception terrifiante d’être un échec ou d’avoir complètement manqué la marque… et encore et encore. Ses incarnations sont plus nombreuses que la souffrance qu’elles causent. Pas de doute à savoir pourquoi nous devons stimuler toute forme de sensation de bonheur avec quoi que ce soit qui puisse s’arrimer avec le paysage que nous avons créé afin d’éviter davantage cette désolation émotionnelle, satisfaisant une rêverie imaginaire plutôt que de vivre dans un vrai cauchemar. Et encore, la toute petite flamme d’espoir continue de briller avec chaque nouvelle aube, plus fidèle que les mensonges et les faux-semblants que nous nous répétons afin de continuer d’avancer sans avoir à gérer quoi que ce soit de cette réalité dans laquelle nous nous sentons condamnés à exister. Et la petite lumière devient ainsi une sorte de marqueur de temps; un autre jour, un autre mois, une autre année… La vie continue et nous souhaitons que ce soit de même pour nous. Mais bouger ne signifie pas évoluer, tout autant que la solitude n’a rien à voir avec l’isolement.

La saison des fêtes de fin d’année n’a pas été aussi joyeuse que j’aurais souhaité qu’elle le soit pour moi. Mais ce qui pourrait sembler être un ton sinistre et pessimiste, reflet de la détresse affective de ce que je traversais – et encore à ce jour – est en fait totalement à l’opposé, alors que cette présente publication de journal est une réponse hautement positive à ce que je vis alors que j’écris ces mots. Si c’est toujours en fonction de la façon dont nous faisons face aux diverses dimensions de l’aventure dans laquelle nous nous trouvons qui en définit la prochaine étape, je vais vous partager quelques éléments contextuels vous permettant de saisir ce que je traverse et les décisions qui s’en sont suivies.

Adieu MacKaye, mon tendre petit boy

Comme la plupart d’entre vous le savez déjà, mon chien bien-aimé MacKaye a courageusement combattu une rare forme de cancer du lymphome, diagnostiqué en juin dernier. Six mois de hauts exaltants et de bas dévastateurs, cinq de ces mois étant un don de grâce considérant que le diagnostic initial des spécialistes était d’une espérance de vie de 4 semaines, dans le cas le plus optimiste. En d’autres mots, il était condamné sans possibilité d’appel, sans aucune projection de guérison ou de stabilisation possible. C’était un cancer aussi brutal et redoutable que rare pour même envisager qu’un quelconque protocole de chimio exhaustif puisse être envisageable. J’étais complètement dévasté par le verdict. J’étais déjà personnellement en plein cœur d’une rémission très difficile et hasardeuse, j’étais épuisé physiquement et à plat émotionnellement. Je n’ai jamais été du type à demander “Pourquoi ?!?” ou “Pourquoi moi ?!?” ou “Pourquoi maintenant ?!?” en me lamentant. Je n’ai pas été construit comme ça, et c’est pourquoi j’enfouis à l’intérieur de moi ce qui m’est très précieux, ou que je partage très rarement toute l’étendue de mes souffrances, tout comme je ne me permets pas un moment pour souffler en entier. Alors j’ai contacté tous les hôpitaux vétérinaires possibles traitant les cas de cancer que je puisse trouver et j’ai visité plus de cliniques qu’il me serait possible de compter. La lueur d’espoir est venue accompagnée du fait que le meilleur hôpital pour chiens atteints du cancer était en fait en Virginie, à 90 minutes de distance de ma maison, et que c’était un des rares hôpitaux des “États-Unis” à faire des recherches à propos du type de cancer de MacKaye et qui développe des traitements spécifiques pour ces cas. Alors, durant plusieurs mois, ma vie a été dévouée en entier à la santé de MacKaye – et c’était hautement prometteur. Il est passé de l’aveuglement presque total en raison du sang présent en trop grande quantité dans ses yeux, à ne plus être en mesure de marcher ou incontinent, à retourner à son état préalablement heureux et enjoué. Je n’étais pas dans le déni tout comme je ne me trompais pas moi-même quant à la réalité de MacKaye et les conséquences qui lui étaient associées, mais je suis devenu de plus en plus rempli d’espérance avec chaque session de chimio, bien que certaines aient été plus intenses que d’autres. MacKaye était fatigué durant quelques jours mais magnifiquement énergique peu de temps après. J’ai approché chaque journée comme la bénédiction que c’était pour tous les deux d’étirer la nature implacable du temps ensemble.

Ceci étant dit, j’ai été complètement pris au dépourvu par la virulence de son déclin de santé au cours des 4 derniers jours qui ont conduit à son décès, d’autant plus que son dernier traitement de chimiothérapie tenu le 11 décembre s’est si bien déroulé. Les traces de cancer étaient considérablement atténuées par rapport à ses biopsies précédentes, et je commençais même à envisager ce qui aurait pu être une rémission presque miraculeuse. Puis, le 21 décembre, j’ai commencé à remarquer des changements dans son niveau d’énergie, suivi d’une diminution constante de son appétit, ce qui a conduit à son refus complet de manger le 24 décembre. C’était un état « normal », qui était possible d’arriver et dont j’avais été informé précédemment, donc à anticiper. Tant qu’il continuait à boire, cela n’était pas alarmant. Son spécialiste lui donnait des nutriments et nous lui donnions des liquides sous-cutanés. L’humeur de MacKaye, bien que plus lente et plus somnolente, était toujours positive, jusqu’au 27 décembre, quand j’ai dû le porter à l’extérieur le matin. Il allait d’une certaine manière « bien » pour les quelques heures suivantes, mais comme il n’avait pas dormi cette nuit-là et respirait lourdement, je suis allé à l’urgence de l’hôpital vétérinaire de Virginia Tech, où ils m’ont expliqué que l’état de MacKaye était critique et que seulement 2 choix étaient désormais disponibles pour que je décide. L’un consistait à suivre un traitement expérimental qui pourrait ou non avoir un effet stimulant sur son système mais qui s’accompagnerait d’effets secondaires significatifs, ou bien de l’endormir. J’étais abasourdi, même si je savais depuis la nuit précédente que nous atteignions la fin potentielle de ce qui était devenu une bataille impossible à surmonter. J’ai eu l’impression de recevoir un coup de poing dans le ventre. Je pleurais, me sentais étourdi et complètement impuissant. Je dû rester là, livide, immobile, pendant un moment assez long avant que l’oncologue me donne de l’espace et du temps pour assimiler ce qui semblait inévitable. J’étais incroyablement épuisé et ne pouvais pas imaginer ce que MacKaye endurait volontairement pour vivre un jour de plus – et ce depuis les 6 derniers mois. Son courage et sa détermination défiaient vraiment la nature elle-même. Je savais qu’il m’offrait ce cadeau… Maintenant, c’était à mon tour d’honorer son amour fidèle envers moi.

J’ai décidé de retourner chez son vétérinaire local, où il était devenu pratiquement un visiteur quotidien depuis le diagnostic de son cancer. C’est un endroit rempli d’un cœur exceptionnellement attentionné envers les animaux, dirigé par une version vétérinaire de « Patch Adams » (cherchez son nom sur Google pour en savoir plus sur cette personne incroyable). Son vétérinaire était aussi dévasté que moi quand il a appris la nouvelle au téléphone. Nous sommes tous les deux demeurés silencieux au téléphone jusqu’à ce qu’il m’assure qu’il ferait tout en son pouvoir pour bien faire les choses pour MacKaye. Je ne voulais tout simplement pas qu’il souffre plus longtemps… c’était notre entente secrète entre lui et moi. Dès que je verrais que la qualité de sa vie était trop diminuée pour qu’il fasse ce qu’il aime habituellement faire, ce serait le signal. Je ne voulais pas être égoïste, même si je ne voulais pas qu’il nous quitte… Mais c’était notre pacte ensemble.

Le trajet de deux heures du retour à la maison depuis l’hôpital vétérinaire d’urgence de Virginia Tech fut douloureusement insupportable. Si les paysages des montagnes des Highlands sont spectaculairement magnifiques, le voyage était une torture interminable de doutes, de regrets, de souvenirs et de culpabilité. Cela m’a ramené au décès de mon père, à la réalité du fait que j’avais failli mourir sur une table d’opération seulement quelques mois plus tôt. J’ai dû devenir expert à prétendre que tout allait bien et à jouer le rôle… mais j’étais physiquement, émotionnellement, psychologiquement et spirituellement anéanti. La seule raison pour laquelle je ne me suis pas effondré était grâce à la tête de MacKaye posée sur mon bras pendant que je conduisais. Ce n’était pas encore fini, et je lui devais ce paisible compte à rebours ultime. Ce n’était pas à propos de moi, c’était à propos de lui… La partie « moi » devrait venir plus tard, sachant qu’elle pourrait ne jamais vraiment venir… dans l’espoir de maintenir mon cœur en vie aussi longtemps que possible.

Nous sommes arrivés à la maison, je l’ai pris dans mes bras et suis allé dans notre chambre où Leonard l’attendait avec impatience et inquiétude, pour lui, pour nous. Je l’ai posé sur notre lit, où nous avons eu un moment tous ensemble. Leonard le léchait et le câlinait. MacKaye était allongé sur ma poitrine pour une longue séance de bisous, comme il le faisait toujours après son traitement de chimiothérapie. Aucun de nous trois ne voulait dormir, ni laisser passer une seconde… Nous sommes restés comme ça pendant plus de 2 heures jusqu’à ce que nous devions nous préparer à partir chez le vétérinaire. Surprenamment, MacKaye se tint debout par lui-même, descendit les 2 étages jusqu’au premier étage, s’asseya à la porte et me demanda d’aller prendre une marche… tout comme il l’avait fait d’innombrables fois auparavant. C’était une chaîne d’événements si surréalistes qu’il était clair pour moi qu’il savait ce qui allait se passer. Alors nous nous sommes promenés comme nous le faisions habituellement 3 à 4 fois par jour, descendant et remontant la montagne, ce qui représentait un bon 1,5 mile (2,5 kilomètres) au total. Il courait devant moi, prenant avec enthousiasme les friandises que je lui donnais après des jours de refus de mettre quoi que ce soit dans sa bouche. J’étais aussi troublé que stupéfait à ce stade. Je me suis tourné vers Stephanie et Miss Isabel qui marchaient avec nous et j’ai partagé mes doutes soudains. Elles étaient aussi perplexes que moi. Jeff est venu nous chercher en bas de la montagne et a été aussi surpris que nous, non seulement par le fait que MacKaye marchait par lui-même jusqu’en bas, mais aussi en constatant son comportement enthousiaste.    

Nous sommes arrivés chez le vétérinaire et au lieu d’initier un dernier protocole, je lui ai demandé de faire un examen de santé complet, qui s’est avéré être conforme à sa nouvelle normalité des derniers mois. Le vétérinaire, étant un médecin vétérinaire holistique, nous a expliqué qu’il était courant qu’un animal ayant une forte connexion avec son compagnon humain veuille passer un peu plus de temps avec lui avant de partir, ce qui était évidemment le cas avec nous deux. Je lui ai demandé s’il souffrait. Il a dit qu’il n’y avait aucun indice suggérant le tout, à part le fait qu’il était extrêmement fatigué et quelque peu déshydraté. Le vétérinaire a ajouté que MacKaye me laisserait savoir quand il serait prêt. Nous avons donc convenu de lui donner une solution minérale et de rentrer à la maison, profondément reconnaissants d’avoir un peu plus de temps pour nous dire au revoir, ce que nous avons fait tous les deux. Je l’ai tenu dans mes bras toute la nuit pour qu’il puisse dormir. Il était heureux mais fatigué le matin. Je l’ai remercié une fois de plus pour tout ce qu’il avait été pour moi. Il a demandé une dernière promenade en bas de sa montagne. Il y est allé lentement comme s’il voulait apprécier tous nos endroits de contemplation une dernière fois. Jeff est venu nous chercher comme la veille. Nous savions tous que la fin était proche. Nous sommes arrivés chez le vétérinaire, où il nous a accueillis comme de la famille. Il nous a expliqué comment cela se passerait. MacKaye et moi nous sommes allongés sur son coussin préféré que j’avais apporté. Contrairement à la veille, Leonard était très agité; il savait aussi et c’était la raison pour laquelle je voulais qu’il soit là aussi. Ils étaient 2 frères d’une portée de huit chiots. Leo est né immédiatement après MacKaye, et ils n’avaient jamais été séparés de toute leur vie. Je ne voulais donc pas qu’il attende le retour de MacKaye… Je savais qu’il ne comprendrait pas autrement.

Le reste est un peu flou, pour être honnête, sauf pour l’une des scènes les plus incroyables que j’ai jamais vues de ma vie. Après que le vétérinaire ait administré une injection calmante à MacKaye, il a passé 10 à 15 minutes à lécher légèrement ma main de manière si attentionnée et réconfortante. Je pleurais… nous pleurions tous. Leo était étonnamment très calme. Le vétérinaire est revenu dans la pièce et m’a demandé si j’étais prêt. Je n’ai pas répondu… mais MacKaye s’est levé et est allé voir chacun autour de lui individuellement. Il les a tous léchés, a conclu sa dernière série d’adieux avec Leonard avant de se coucher juste devant le vétérinaire avec ses pattes avant devant lui… Il était prêt et il savait que je n’aurais jamais donné le « signal », donc il m’a épargné ce qui aurait été une culpabilité éternelle de l’avoir endormi. Pendant qu’il recevait sa dernière injection, il a posé sa tête sur mes genoux, m’a regardé de sa manière unique pour me sourire quand je pleurais et s’est lentement laissé aller. Nous avons tous réalisé le moment où il était parti quand Leonard a libéré des murmures doux et aigus… Et comme ça, il était parti… Je l’ai tenu pendant environ 2 heures avant que la maison funéraire ne vienne prendre soin de son corps. Je l’ai embrassé une dernière fois, remercié le vétérinaire, qui avait évidemment pleuré dans son bureau, étreint le personnel qui avait demandé à être là pour MacKaye, et suis rentré chez moi… Je suis allé dans ma chambre avec Leonard et je me suis probablement évanoui pendant un moment…

MacKaye a toujours été un personnage très spécial. Tous ceux qui le rencontraient l’appelaient « petit humain » car il agissait de manière si différente des comportements habituels des chiens. Il avait une personnalité très forte et particulière. Chaque petit détail de la journée était défini par notre lien unique. Quand je n’étais pas en tournée, nous étions ensemble 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Je suis souvent rentré à la maison pour interrompre les longues tournées que je faisais afin de pouvoir passer du temps avec lui et Leonard… Nous avions notre routine, nos codes secrets et notre propre langage. Il choisissait non seulement ses trajets de nombreuses marches quotidiennes, me rappelant que je devais faire ma rééducation physique ou me faisait savoir qu’il était temps pour ses séances de bain de soleil, mais il était aussi une partie centrale de mon univers créatif, dormant sur son canapé quand j’écrivais dans mon bureau, dormant sur mes genoux quand je lisais à haute voix pour travailler sur mes problèmes de dyslexie… Il chantait quand je faisais des exercices vocaux, et restait même à mes pieds quand je répétais avec le groupe ou que j’enregistrais en studio. Autant qu’il semblait exaspéré quand je passais des heures sur des sons de guitare ou quand j’essayais de trouver des oscillations sonores, nous passions des heures assis dehors, observant la vie sauvage envoûtante qui nous entourait… Tout cela entre des moments où il interrompait ce que je faisais pour jouer à notre jeu des bisous. C’était lui autant que c’était moi… « nous » dans une relation très distinctive et extrêmement rare.

Par conséquent, les jours suivants ont été comme vivre dans un mouvement d’apesanteur entre la douleur associée à ma nouvelle réalité et la déconnexion totale avec les autres personnes venues me soutenir. J’étais là sans être là. Il n’y aurait pas de rassemblement au lever du soleil pour le nouvel an cette fois-ci… Je ne sais pas comment l’expliquer, sinon par le simple fait que je vivais ce que la solitude semble vraiment signifier… le vide.

Le temps est toujours maintenant

J’étais soulagé de transitionner de 2023 à 2024, même si cette transition est plus cosmétique que magique. Puisque 2023 a été une année incroyablement difficile pour moi, j’accepte volontiers l’effet cosmétique juste pour avoir l’impression de progresser un peu plus dans la direction opposée. J’avais l’impression d’être déjà en mouvement, mais avec les mains et les bras grands ouverts cette fois-ci, prêt à être positivement surpris par ce que la vie pourrait me réserver. Et les surprises sont venues rapidement, alors qu’une amie m’a rendu visite d’Europe pour m’offrir 2 livres de fans absolument magnifiques dédiés à la décision que nous prenons de vivre. Je suis une personne extrêmement privée qui expose très rarement l’étendue complète de mes blessures, mais ce geste, ce cadeau, m’a vraiment parlé fort et il définira de bien des façons cette année déjà en cours. Cette édition de mon journal est la réponse immédiate à cette gentillesse, à votre bienveillance, et m’a aidé à éviter de me tourner vers la solitude comme je l’ai fait pour la majeure partie de mon parcours en tant que leader du groupe Your Favorite Enemies… Est-ce que je ressens encore la solitude? Absolument. Je la ressentirai pendant un certain temps… Mais dans mon cas, c’est un processus sain, que je dois traverser, avec le soutien de mes amis, de ma nouvelle famille de management et bien sûr, de vous… Tout comme MacKaye a toujours été à mes côtés, que ce soit par un commentaire, un message, une lettre, une carte postale, un cadeau, une étreinte, un clin d’œil, une photo, une vidéo ou autre, cela fait toute la différence pour moi, et je vous en suis reconnaissant à tous.

Je crois que MacKaye savait que je refuserais de le laisser seul, s’il n’était pas décédé. Je cherchais déjà à rentrer chez moi et faire des aller-retours entre mes différentes apparitions aux festivals d’été, essayant de trouver des moyens impossibles d’être à ses côtés tout en tournant à l’étranger. J’aurais été trop inquiet pour me concentrer sur mon prochain enregistrement d’album à venir, un enregistrement que j’avais déjà repoussé. Je savais que c’était totalement absurde, que ça serait vu comme étant une réaction excessive… Je pouvais l’entendre : « Ce n’est qu’un chien, tu n’as pas 5 ans, surmonte ça, sois un adulte ». Très vrai. Mais cela va plus profondément que ça pour moi, et si je ne suis pas du genre à sur-spiritualiser tout pour trouver du réconfort et de la paix, je suis néanmoins reconnaissant pour tout ce qui s’est passé en 2023. Oh, je souhaite que la plupart de cela n’ait jamais eu lieu, croyez-moi, mais je sais que je devais cesser de me cacher et être privé de presque tout ce qui me définissait et de me pousser à décider de ce qui aurait lieu ensuite. Je sais ce que c’est que d’être « misérable », donc il est temps pour moi d’embrasser la vie pour de bon, de marcher dans la lumière naturelle, au lieu de vivre sous le néon de ma propre fin. La vie est étrange, tellement, tellement étrange, mais elle démontre aussi que l’amour conquiert tout… De la solitude jusqu’à l’état le plus profond d’isolement et de vide. Et aussi fou que cela puisse paraître, je découvre encore plus de cette lumière quotidienne à travers le comportement de Leonard, qui se comporte remarquablement bien et est merveilleusement paisible depuis que nous avons perdu MacKaye. Cela me dit que nous pouvons permettre à nos cœurs endeuillés de guérir lentement et de se reconstruire tout en cherchant un nouvel équilibre et un nouveau rythme dans nos vies.

Alors… que nous réserve l'avenir ?

Je vais bientôt annoncer les détails du prochain projet que j’ai conçu pendant ma convalescence avec mon précieux ami et complice créatif Ben (qui est également le guitariste principal de « The Long Shadows »), ainsi qu’avec l’artiste japonaise et collaboratrice de longue date Momoka. J’ai vraiment hâte de pouvoir enfin tout partager avec vous, car ce n’est pas seulement un voyage très spécial à partir duquel chacune de ses incarnations fleurira et grandira presque toute l’année, mais marquera également un flux beaucoup plus régulier de nouvelles sorties de matériel à partir de ce moment-là.

Un autre élément très significatif qui est sur le point de prendre une place importante dans mon agenda très bientôt est ce que je désigne comme ma prochaine production d’album de neo-prog bruyant avec tout le groupe. En fait, je pourrais l’appeler par son titre réel, mais nous sommes assez loin du moment où je dévoilerai des détails spécifiques concernant son entité particulière, alors voilà les indices que je peux vous donner pour l’instant. Il est possible que je mette en avant certaines de ces nouvelles chansons lorsque je remonterai sur scène pour jouer lors d’une série de festivals européens l’été prochain, des moments de communion que j’ai vraiment hâte de vivre avec vous. Cela m’a beaucoup manqué, tout comme chacun de vous m’a profondément manqué. Inutile de dire que cela pourrait être une démonstration forte, intense et affectueuse de cette sensation de nostalgie que je ressens en pensant à vous. Si vous avez déjà participé à l’un de mes concerts, eh bien… cela s’apprête à être encore plus… comment dire ?… « Captivant » 😉

Jusqu’à ce moment, je tiens à vous remercier encore et encore pour votre affection envers moi, pour vos innombrables vœux du Nouvel An, vos magnifiques cartes de Noël et vos cadeaux sincères. J’ai commencé à les ouvrir petit à petit et cela enlève déjà une partie de ma douleur et de ma solitude actuelles, une petite couche à la fois. Croyez-moi, cela compte plus que je ne peux l’expliquer ou même l’exprimer.

Soyez bénis, mes précieux amis et ma famille… Et oui, ça vaut toujours la peine de croire dans la vie. Ne vous arrêtez pas à mes paroles; attendez simplement que la lumière se lève avec chaque nouveau lever du soleil !!!

Affections, 

Votre ami et frère,
AHF

Mise à jour : Un peu après avoir conclu cette publication du journal, j’ai reçu un appel de la maison funéraire pour me faire savoir que les cendres de MacKaye m’attendaient pour que je les ramène à la maison. Il avait furieusement plu toute la journée, une prévision qui incitait mon amoureux du soleil, Mac, à passer autant de temps que possible sur mes genoux. Il était très difficile pour moi de contenir toute la tristesse douloureuse que j’essayais autrement de garder à l’intérieur. J’ai attendu de me ressaisir et suis allé chercher MacKaye… Il pleuvait abondamment, toute la montagne était inondée de cascades énormes de torrents déchaînés. Mais une fois sur la route du retour chez moi, le ciel devenait plus clair, et des éclaboussures tardives du soleil apparurent lentement parmi les nuages noirs menaçants. Alors que j’amenais les cendres de MacKaye dans mon bureau créatif, j’ai soudainement remarqué un arc-en-ciel lumineux et coloré comme je n’en n’avais jamais vu ici auparavant. Une partie énorme et contrastée avec une prédominance de vert électrique et d’orange. Je ne suis pas porté vers les signes et les merveilles, mais je l’ai pris comme un message me promettant que tout irait bien même lorsque je ferais face aux tempêtes rageuses de la vie. Et j’ai ressenti une grande chaleur réconfortante dans mon cœur et mon âme en témoignant de l’instant bref où une telle démonstration vive d’espoir était présente. J’ai murmuré un dernier « merci » à travers des larmes et il a disparu avec la lumière du jour qui s’est estompée lentement, la pluie laissant place à un vent doux et léger caressant doucement mon visage. J’ai regardé le ciel en disant : « Bon voyage, mon doux petit MacKaye, où que tu ailles, tu sais où sera toujours ta maison. J’attendrai ta lumière à l’aube. » La photo en tête est l’arc-en-ciel que j’ai réussi à capturer avec mon téléphone avant qu’il ne disparaisse.

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