De la misère isolée à la liberté collective

J’ai eu une conversation avec Momoka plus tard cette même journée, qui n’avait clairement pas l’air de se sentir bien. Nous avons parlé d’à quel point il est misérable de de nous isoler avec nos inquiétudes, qui deviennent des suffocations qui nous emprisonnent lorsque nous les gardons toutes à l’intérieur, alors que de nous ouvrir ne serait-ce qu’un peu permet à la lumière de venir briller sur nos noirceurs, et nous pouvons ainsi mettre ces pensées troublées en contexte, ou du moins avoir une perspective menant vers une résolution de coeur, qui est en fait impossible lorsque nous nous enfonçons plus profondément dans notre propre tristesse, jusqu’à ce que ça devienne une boucle infinie de cauchemar personnel. Ce fut une conversation très poignante qui me fit réfléchir à propos de ce que je tiens possiblement accroché si ardemment, à un point tel que personne n’a véritablement accès à moi, que je m’empêche moi-même de toucher à toute forme de liberté émancipatrice potentielle, et donc aucune expression d’idée ne peut possiblement fleurir et je me transformerai inévitablement en une terre émotionnelle aride, trop stérile pour même s’imaginer que quoi que ce soit ait déjà jailli de son sol.

Sans le savoir, notre conversation serait enregistrée le soir même… Pas nos mots en tant que tel, ni des fragments de nos conversations, mais le témoignage d’un coeur libéré. Lorsque Momoka s’est jointe à nous en studio pour s’exprimer sur un segment de la chanson sur laquelle nous nous penchions, c’était une personne complètement différente qui était avec nous, d’un point de vue spirituel. Je pouvais voir qu’un lourd fardeau s’était enlevé de ses épaules, qu’elle avait pris la décision d’embrasser ce qu’elle traversait d’un point de vue complètement différent. Ça ne s’imite pas, tout particulièrement lorsque tu te tiens dans la salle de contrôle du studio et que tout le monde est là, te regardant, et que la seule ligne directrice est “Abandonne-toi à l’ambiance, la chanson te guidera, transporte-toi dans sa dimension émotionnelle. Nous allons tous disparaître et tu ne seras même plus en studio, tu seras à l’intérieur de toi-même.” Vous savez, quelque chose de simple et très concret… Et elle l’a fait. C’était “ça”. “Ça” en faisant référence à un abandon total. Encore une fois, il n’y a rien qui soit bien ou mal, ça n’a rien à voir avec aucune forme de “performance” dans ce que je fais, puisque ça a tout à voir avec pourquoi je le fais, plutôt que comment je dois le faire pour être gratifié par la suite. L’art véritable est à propos de définir et redéfinir, ça n’a rien à voir avec la possibilité de commercialiser ou les paramètres de “la route vers le succès de masse.” Et aujourd’hui, Momoka fut cette incarnation. Elle était la chanson, une vive représentation du fait que l’honnêteté est le courant de nos motions auto-affranchies. C’est épuisant, mais d’une manière magnifiquement émancipatrice.